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La seigneurie anglaise du moyen âge : Résultats et méthodes

Published online by Cambridge University Press:  30 October 2017

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Le livre de Mr H. S. Bennett repose sur des lectures étendues à travers les documents inédits comme dans les recueils imprimés. Il est écrit dans une forme alerte et vivante. Surtout il vaut par un sens avisé de l'humain. L'auteur n'est point de ces érudits pour qui le paysan d'autrefois ne semble avoir existé qu'afin de fournir l'occasion de plaisantes dissertations juridiques ; dans les personnages rencontrés au détour des chartes ou des « röles » manoriaux, il voit et montre des êtres de chair et d'os, qui peinaient sur de vrais champs, supportaient de vraies fatigues et dont la mentalité, souvent bien obscure à nos yeux, comme déjà sans doute, aux leurs mêmes, n'en offre pas moins à l'historien un admirable sujet d'étude et de resurrection.

Type
Questions de Fait et de Méthode
Copyright
Copyright © Les Éditions de l'EHESS 1938

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References

page 147 note 1. Life on the english manro : a study of peasant conditions, 1160-1400. Cambridge, University Press, 1937 ; in-8», XVIII-564 p., 6 pl., 4 fig. dans le texte ; prix, 16 sh.

page 147 note 2. Deux observations seulement, qui dépassent les minuties du détail érudit. Mr Bennett consacre quelques pages fort intéressantes à l'acquisition de la liberté par le séjour «d'un an et jour » dans les lieux privilégiés. Il s'agit là d'une règle juridique si générale , dans le droit du moyen âge classique, qu'on s'étonne de ne voir, ni cités, ni, semble-t-il, utilisés les travaux dont elle a été l'objet, sur le continent : notamment l'ouvrage de Mr von Keller, Robert, Freiheits garantien für Person und Eigentum im Mittelalter, Heidelberg, 1933.Google Scholar Livre souvent bien contestable à mon sens, mais que l'abondance des renseignements qui y sont rassemblés et sa portée même, véritablement européenne, interdisent de négliger. D'autre part, frappé, comme tant de ses compatriotes, parl'archaïsme relatif de la vie paysanne française, Mr Bennett puise volontiers dans ses souvenirs de voyage, chez nous, les points de comparaison qui doivent lui permettre, croit-il, de reconstituer, presque telles quelles, les mœurs médiévales. Il y a là, je le crains, une part d'illusion. Même dans les régions françaises les moins ouvertes aux influences du dehors, le comportement rural a, depuis quelques décades, subi de prodigieuses transformations : dans l'alimentation, en particulier, et dans les techniques.

page 147 note 3. Quelques chiffres ont cependant été fournis dans une très importante communication du professeur F. M. Powicke, lue aux dernières « journées «delà Société Jean Bodin et qui sera, j'espère, prochainement publiée. Cf. aussi E. A. Kosminskii, Angliiskaia derevnia v XIII veke (Le village anglais au XIIIe siècle), Moscou, 1935. Mais la notion du villainage, opposé à la liberté, ne semble pas avoir toujours été très bien élucidée par Mr Kosminskii.

page 149 note 1. Par exemple, le mot de « frankpledge » (cautionnement des hommes libres) désignant une institution de solidarité collective qui a fini par ne s'appliquer qu'aux non-libres ou détenteurs de tenures non libres.

page 149 note 2. Victoria County History Dorset, t. II, p. 231.

page 150 note 1. The chronology of labour services dans Transactions of the Royal Historical Society, 4th series, t. XX. Si je ne crois pas devoir rendre compte plus longuement de cet article, véritablement fondamental, c'est qu'il me semble préférable d'attendre la prochaine apparition du livre, où les conclusions figureront dans tout leur développement et avec leur complet appareil de preuves. En bref, le résultat essentiel est le suivant : alors que la décadence des services, remplacés par des rentes en argent, était jusqu'ici présentée sous l'aspect d'une évolution à peu près continue, plus ou moins rapide selon les moments, mais depuis la fin du XIe siècle, sans aucun zigzag notable de la courbe, Mr Postan montre, au contraire, durant le XIIIe siècle, une augmentation considérable des corvées, en rapport naturellement avec un accroissement des réserves, en étendue, et leur exploitation plus intensive. Cela, après un mouvement en sens inverse, durant le siècle précédent, et avant la définitive « commutation » du moyen âge finissant. Ainsi, une fois de plus, serait mis en lumière le caractère artificiel de l'équation, trop souvent postulée, entre le système « domanial » et une économie d'échanges ralentis : car le XIIIe siècle ne saurait être le moins du monde tenu pour marqué par un retour à « l'économie-nature » ou à « l'économie fermée » ; et si, pour la plupart, les seigneurs anglais ont alors préféré se faire exploitants plutôt que rentiers, c'était, tout au contraire, afin de profiter des nouveaux débouchés ouverts à leur production. Sur ce point, la démonstration — qui, cela va de soi, s'attache aux phénomènes ae masse, susceptibles d'exceptions individuelles — me paraît pleinement convaincante. En revanche, l'évolution immédiatement antérieure, que Mr Postal, n'a d'ailleurs pas traitée dans son article, offre peut-être plus d'obscurités. Avant le premier mouvement de commutation, qui coïncida, en gros, avec le XIIe siècle, Mr Postal, si je le comprends bien, suppose une phase de corvées très lourdes et de vastes domaines. Le système des dépendances terriennes, à l'époque anglo-saxonne, si mal connu qu'il soit, ne semble pourtant pas avoir été très généralement conçu sur ce type, qui était comme chacun sait, celuides villae carolingiennes. Que s'est-il passé lors de la Conquête et, s'il y a eu, vers cette date, introduction d'un large emploi de la main-d'œuvre corvéable et constitution d'amples réserves, comment expliquer, sur le plan économique, cette transformation ?