Cet article envisage l’histoire environnementale des tropiques à travers l’analyse des techniques narratives des individus qui ont parcouru les paysages équatoriaux de l’Amérique du Sud au XVIIIe siècle. À quelques exceptions près, les spécialistes d’histoire environnementale n’ont pas tenu compte des pratiques d’écriture qui ont accompagné les observations sur et dans la nature, une relation avec le monde naturel encouragée par des techniques de collecte, de mesure et d’édition. À travers différentes manières de capturer les tropiques sous une forme écrite, nous examinons les significations culturelles attachées à l’idée classique de « zone torride » dans une époque qui correspond à l’âge d’or de son évaluation instrumentale. La métamorphose de la zone torride – de lieu conçu comme un désert inhospitalier en région caractérisée par des conditions climatiques et des productions naturelles variées – s’est accomplie à travers un large ensemble d’entreprises éditoriales, allant des traités historiques aux listes et aux catalogues, réalisées à la fois par des voyageurs et des naturalistes.