Cet article étudie la nature proprement délibérative de la démocratie athénienne. De nombreux travaux se sont intéressés à la cité antique d’Athènes en tant qu’exemple plus ou moins réussi de démocratie participative, en soulignant l’importance de la délibération collective dans son système politique. Partant de cette hypothèse, l’article tente d’abord de déterminer si les Athéniens ont réellement recherché et mis en œuvre, à travers leurs institutions, l’idéal délibératif et la recherche du consensus ; il s’interroge également sur la compatibilité de ces derniers avec les idéaux modernes de démocratie délibérative prônés par les théoriciens politiques contemporains. Après avoir dressé un panorama des études sur la démocratie délibérative et participative, l’article examine les similitudes trompeuses qui peuvent exister entre le modèle plébiscitaire actuel et la démocratie directe athénienne à laquelle il est souvent comparé. Il s’attache ensuite au dispositif institutionnel délibératif dans lequel s’inscrit la prise de décision politique à Athènes, en se concentrant sur le fonctionnement concret de l’Assemblée et sur les idées que les orateurs et le public y défendaient explicitement, à travers leur comportement. Cette analyse se fonde en particulier sur la relecture attentive des récits d’Assemblée et sur les considérations normatives que l’on trouve chez les orateurs (en particulier dans les Prologues de Démosthène). Enfin, l’article analyse un cas de débat prolongé au sein de l’Assemblée – celui sur l’expédition de Sicile – pour démontrer que la prise de décision s’est efforcée d’accomplir l’idéal délibératif afin de lui donner toute sa légitimité – que cette délibération démocratique ait abouti, ou non, à un choix politique judicieux.

This article discusses the rationale and the implications of the inclusion of slaves as victims of punishable hubris in the law about the graphē hubreōs. It argues that hubris against slaves was a punishable offence in Athens not because slaves had institutionally and legally recognized rights or a modicum of honour, but rather because it was hubris, as a disposition to overstep and overestimate one's claims to honour (although manifested in concrete acts), that was deemed unacceptable. The article also investigates the implications of the law for our understanding of the connectedness of ‘legal’ and allegedly ‘extra-legal’ spaces, as well as advocating an understanding of honour that is not necessarily competitive and zero-sum, but also cooperative and aimed at securing smooth social interaction in all spheres of social life.

The article offers a novel interpretation of the procedure followed in the case of Demosthenes’ speech Against Leptines, clarifying the workings of the institutions that secured the coherence of the laws of Athens. The procedure of this case of γραϕὴ νόμον μὴ ἐπιτήδειον θεῖναι seems idiosyncratic: the case came to court over a year after the enactment of the law of Leptines, so Leptines was no longer liable to punishment and the action was only against the law itself; it also involved the proposal of a replacement law. Scholars have argued either that the θεσμοθέται devised a special procedure for these circumstances or that Demosthenes deceived the judges into believing they could enact the replacement law. I argue that there existed two regular uses of the γραϕὴ νόμον μὴ ἐπιτήδειον θεῖναι: (1) to repeal laws that had been enacted irregularly and punish the proposer; (2) as part of nomothesia, to repeal existing laws that contradicted the new bill. This second use is the one that we find in Against Leptines: Demosthenes attempts to repeal Leptines’ law as part of the procedure to enact the replacement law. If the accusation is successful, he pledges to have the new bill enacted by the νομοθέται.