L'entreprise hardie que le critique H. Bustos Domecq prête à de lointains cartographes relève en réalité d'une pratique élaborée de la théorie du signe. Ici plus que jamais la représentation s'est appropriée le réel au point d'abolir quasiment les différences qui l'en séparaient. La carte, dès lors signifiant autant que signifié, se substitue à l'espace.

Dans le numéro des Annales E.S.C. de mars-avril 1978 est paru un article d'Alain Guéry, « Les finances de la monarchie française sous l'Ancien Régime ». Cet article a le grand mérite d'avoir essayé de dégager les traits principaux de l'histoire financière de la France pendant une longue période. Mais il me semble qu'il contient des erreurs en ce qui concerne le règne de Henri IV.

Considérons d'abord la terminologie ancienne, dite imprécise. En fait, au temps de Sully les documents financiers avaient des noms précis, et les gens du métier ne pouvaient pas s'y tromper. L'état au vrai était bien l'état final de ce qui avait été reçu et dépensé. Mais il y avait en outre un nom pour ce que A. Guéry appelle les « états de prévoyance » ; c'étaient les états du roi, établis chaque année par Sully suivant les indications des états de la valeur des finances, qui lui étaient fournis par les trésoriers de France.