L'Histoire de la Psychologie Collective, vieille cependant comme l'histoire, est en train de se définir lentement. L’ « invention » de la psychologie sociale, et surtout la conscience claire aujourd'hui, au champ des sciences humaines, de tout ce monde inexploré, ou refusé, du collectif, nous imposent de la distinguer comme une discipline particulière et donc de lui donner et sa matière et ses méthodes. Non par goût d'une province de plus dans la connaissance historique, mais parce que nous découvrons qu'elle est nécessaire.

Je n'aurai pas la présomption de vous démontrer, dans le temps sagement mesuré d'une communication, cette nécessité, encore moins de plaider pour un droit à l'existence, déjà un peu partout reconnu. Le plus simple, et aussi le plus honnête, est d'étaler devant vous, discrètement, ambitions, réflexions, quelques certitudes et de proposer à ceux d'entre vous que ces rêveries retiendraient, un programme de travail.

Au regard de l'historien, c'est dans leur expression et leur fonction sociale que réside l'essence même des phénomènes culturels auxquels appartiennent l'écriture, sa diffusion et les échanges sociaux qu'elle suscite. Avant d'aborder l'étude des problèmes liés à ses aspects sociaux et à son rayonnement en Russie, soulignons que l'opinion formulée ici résulte des découvertes particulièrement intéressantes faites dans ce domaine au cours des dernières années. Non seulement l'étude des sources enrichit nos connaissances, mais elle pose aussi la question d'un approfondissement des notions acquises et d'une interprétation nouvelle des témoignages fournis par les documents déjà connus et dépouillés depuis longtemps.

En Dépit D'Efforts Multiples et souvent excellents pour élargir dans toutes les directions le champ de la recherche, le XVIe siècle, dans l'histoire de la Hanse et surtout dans celle de Lubeck, fait encore un peu figure de parent pauvre par rapport aux siècles précédents. Par un mouvement naturel, l'intérêt des historiens s'est porté avec prédilection vers les problèmes passionnants des origines de l'expansion et vers les époques de grandeur où la prépondérance commerciale, politique et culturelle de Lubeck s'affirmait dans toute l'Europe du Nord. Les travaux de R. Haepke et de W. Vogel, pour ne citer que de grands noms, mettaient bien en évidence certains aspects d'une floraison tardive et comme un regain de vitalité des entreprises hanséates dans lesquelles les Lubeckois tenaient leur place. Les lumières ainsi projetées laissent subsister de grandes zones d'ombre dans l'histoire du déclin de la ville, qu'on a sans cesse expliqué avant même de connaître son ampleur, ses modalités, sa chronologie réelle.

Plus Que L'Œuvre de Doctrinaires, d'économistes ou d'hommes politiques qui, ou bien eurent sur elle une influence tardive, ou même cherchèrent à la freiner et à en réduire la portée, la Révolution agraire au Mexique semble avoir été l'aboutissement d'une longue et lente évolution en profondeur au sein de la paysannerie et des communautés rurales. Chez les modestes fermiers, métayers et péons du Nord, un Pancho Villa aura polarisé des aspirations à l'indépendance économique et municipale généralement insatisfaites et qui, en vérité, remontaient au XVIIIe siècle. Dans les communautés à fortes traditions indigènes du Sud, Emiliano Zapata a personnifié la lutte contre les haciendas et les riches sucreries qui dépouillaient les paysans de leurs terres au nom du rendement et de l'efficacité de la grande production.

La Carte qui figure dans ce numéro des Annales, est partie intégrante d'une étude à paraître très prochainement sur les galères marchandes de Venise. Son but principal ? Eclairer au XVe siècle la conjoncture maritime en Méditerranée et le rôle joué par l'Etat vénitien dans la mise en place d'un très vaste ensemble de lignes marchandes longtemps prospères. Pour exploiter à fond les riches données fournies par nos documents, il a été indispensable de faire appel à toutes les ressources de la cartographie, spécialement en ce qui concerne cette carte des voyages des galères. Que Jacques Bertin, directeur du Service Cartographique de la VIe Section de l'Ecole Pratique des Hautes Etudes trouve ici l'expression de notre vive reconnaissance.

Depuis Une Dizaine D'Années, dans plusieurs pays industriels (particulièrement aux U.S.A., en Grande-Bretagne, en Suède, en Pologne, en France), les comportements sociaux des jeunes sont ressentis, à l'échelon de la collectivité toute entière, comme des phénomènes problématiques, parfois même inquiétants du point de vue de l'équilibre social.

Il est certes ambitieux, et néanmoins très nécessaire, de tenter d'aller au-delà des réflexions, des commentaires empreints d'un bon sens plus ou moins indulgent et de dégager les structures de base, les rouages réels des attitudes de la jeunesse au sein de la société.

Les franges subdésertiques englobent, avec l'Afrique du Nord, la Méditerranée Orientale, le Moyen-Orient, l'Asie Centrale, une grande partie de la Chine, l'Afrique du Sud, l'Australie, les rivages méridionaux du Sahara ; dans le Nouveau Monde, pour une part, le Mexique, les Etats- Unis, de larges secteurs andins ou sud-américains. Ce sont là d'immenses pays aux maigres ressources végétales. Et pourtant la plupart des premières civilisations sont nées dans ces pays apparemment peu avantagés. D'Egypte aux Indes, et en Chine, en passant par la Palestine, la Syrie, l'Irak, l'Iran et l'Asie Centrale, se situent les grands foyers de l'humanité protohistorique. Vérité générale et donc vérités particulières : en Afrique du Nord, la civilisation punique a précédé de beaucoup Rome ou l'Islam ; en Amérique, le point de départ des civilisations précolombiennes doit être situé dans des zones géographiques analogues.

Ce n'est point en spécialiste (je n'aurais guère droit à ce titre), c'est simplement en usager de l'histoire des prix que je voudrais ici formuler quelques remarques à propos du rapport du Professeur Hamilton : The history of priées before 1750. J'ai contracté, comme historien de l'économie espagnole, une telle dette envers l'oeuvre entière de E. J. Hamilton qu'il me permettra, j'espère, après tant d'années, de me dire un peu son lointain disciple, et qu'il me pardonnera, j'en suis sûr, si, en lui exprimant certains désaccords, je me montre disciple indiscipliné.

Avec son audace coutumière, Marc Bloch inaugura, en 1986, son enseignement d'histoire économique à la Sorbonne par l'examen d'un problème alors neuf et qui l'est demeuré depuis : une étude comparée des structures agraires de l'ancienne France et de l'Angleterre, une histoire parallèle du régime domanial de part et d'autre de la Manchel. De ces leçons, le texte partiellement rédigé par l'auteur nous est aujourd'hui livré grâce aux soins de G. Duby. Si incomplet qu'il soit, on y retrouve le talent combiné du professeur, qui sait dégager les grandes lignes, tracer un schéma simplifié, et de l'historien, attentif aux nuances et aux cas concrets. Marc Bloch était là sur son terrain favori.

Lorsque, voici Bientot Vingt-Cinq ANS, M. Roger Dion voulut faire comprendre à ses étudiants pourquoi le vignoble français est aujourd'hui établi sur tels coteaux, est planté de tels cépages, pourquoi, par exemple, les anciennes vignes d'Argenteuil ont fini par disparaître alors que se maintenaient, triomphantes, celles de Champagne, il s'aperçut vite que les explications traditionnelles, recourant aux seuls facteurs physiques de climat, de sol ou d'exposition étaient tout à fait insuffisantes et que, de toute évidence, les terroirs viticoles s'étaient construits, développés et maintenus par le choix, par l'effort séculaire des hommes. Au premier plan, il importait de considérer l'attention que des générations avaient portée au vin.

Les Livres Définitifs, en histoire, relèvent de la même famille que la chimère. Mais il paraît des livres décisifs. M. Wilfrid Brûlez vient de nous en procurer un avec La firme délia Faille et le commerce international de firmes flamandes au XVIe siècle. Décisif du point de vue des méthodes de nos recherches, surtout des points de vue de l'histoire des techniques commerciales et des perspectives générales qu'il développe devant nos regards, de celles aussi qu'il corrige.

Nos lecteurs connaissent les ouvrages et la vivante école de sociologie religieuse de Gabriel Le Bras : les termes mêmes de ses classifications (détachés, saisonniers, observants, dévots) sont passés dans le langage courant des sciences sociales, en même temps que leur auteur, approfondissant pendant un bon quart de siècle sa recherche, faisait progresser sa propre problématique en passant des dénombrements de la pratique à la mesure, plus difficile, de la vitalité religieuse.

Qui Ne Connait la collection Peuples et Civilisations, plus couramment dénommée Halphen et Sagnac, qui ne l'a pratiquée, ne fût-ce qu'à son corps défendant ? Tandis qu'ils achevaient le « Lavisse », les héritiers du maître sentaient le besoin de rajeunir le « Lavisse et Rambaud » et une nouvelle Histoire générale vit peu à peu le jour. Le succès fut grand. Des vingt volumes qui la constituent, la plupart ont été réédités dans les trente dernières années : éditions revues et augmentées, ou refondues et augmentées. Il en est dont la révision a pu être faite par les auteurs mêmes. Parfois, la mort ayant frappé dans les rangs de l'équipe originelle, un nouveau collaborateur a remanié le texte primitif sans pour autant se substituer complètement aux disparus.

Le monde arabe est, depuis bien des années, l'une des vedettes de l'actualité mondiale et le sujet d'un nombre considérable d'études; la plupart d'entre elles ont trait à la politique, comme le remarquable Destin du Proche Orient de M. Pierre Rondot, ou à l'économie, puisque les pays arabes sont souvent à la fois des producteurs de pétrole, parmi les plus importants du monde, et des régions sous-développées. Mais cela laisse dans l'ombre maints aspects essentiels de la réalité arabe et maintient le public dans son ignorance : pour beaucoup de Français, le monde arabe est fait de colonels politiciens, de chameliers, de marchands retors et de quelques intellectuels dignement drapés dans leur robe et coiffés de leur turban qui, enseignent le Coran et la loi religieuse; ou encore les Français se satisfont aisément de l'image contrastée du chameau à l'ombre du derrick.