Les auteurs se sont intéressés à la réaction nucléaire 32S(n, p) 32P qui a lieu entre autres dans les phanères de l'homme (cheveux et poils) lors d'accident de criticité ou de surexposition aux neutrons d'énergie supérieure à 2,5 MeV. La présence de 32P dans les cheveux ou les poils est un signe indiscutable d'une exposition aux neutrons rapides. L'activité du 32P décelée est directement proportionnelle à la fluence neutronique. Elle permet une estimation précise de la dose absorbée dès lors que l'on connaît la nature du spectre incident. La connaissance du rapport neutron/gamma autorise même l'estimation de la dose totale absorbée (neutron + gamma). Les petites quantités de phanères nécessaires aux mesures (quelques dizaines de mg) permettent sur un individu de pilosité moyenne de faire des prélèvements en différents points du corps. On en déduit alors le vecteur directeur de la fluence incidente et l'hétérogénéité de l'exposition. Cette méthode est opérationnelle. Elle n'exige pas de radiochimie trop ardue. Elle apporte des données dosimétriques très fiables aux cliniciens en moins de vingt quatre heures. Le seuil de détection est de quelques dizaines de centigray.

Le technétium, composant des déchets nucléaires, est une source potentielle d'exposition des générations futures. L'étude de la toxicocinétique du technétium chez le rat a montré une rétention par la peau, le rein et la thyroïde (respectivement 15,26 %, 0,18 %, 0,03 % de l'activité initiale 14 jours après ingestion), une élimination rapide et importante (82 % de l'activité initiale excrétée 3 jours après ingestion).

Les pratiques actuelles de COGEMA en matière de déchets faiblement actifs conduisent à encombrer inutilement les stockages de surface. Une réduction d'un tiers du volume des déchets de surface issus des usines de retraitement peut être envisagée sous la double condition qu'un seuil de minimis soit fixé et que le matériel de mesure industriel correspondant soit développé, la seconde condition étant tributaire de la première.

Les enquêtes réalisées par les “médecins nucléaires” avec l'ANDRA pour caractériser les déchets radioactifs hospitaliers ont conduit à proposer des améliorations de la gestion de ces déchets. On peut citer, au nombre de ces propositions : l'amélioration du tri sur les lieux de production par rationalisation des procédures de collecte, l'organisation in situ d'un stockage en décroissance pour les déchets contenant de l'iode 125, l'éducation systématique des personnels hospitaliers concernés, notamment pour parer aux risques infectieux, l'obtention par voie législative d'un déclassement des déchets tritiés et carbonés hospitaliers, ainsi ramenés à des déchets banalisés. La mise en œuvre de ces mesures, au niveau de l'hôpital, par la “personne compétente” en radioprotection devrait affranchir les services hospitaliers du recours systématique à l'ANDRA et générer ainsi des économies importantes.