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Habermas, Taylor et le nationalisme québécois

Published online by Cambridge University Press:  13 April 2010

Donald Ipperciel
Affiliation:
Faculté Saint-Jean, University of Alberta

Abstract

This text views the case of Quebec nationalism from the vantage point of the debate between Habermas and Taylor on this question. This case highlights the problem of articulating the sphere of civic rights, whose claims are universalist, to that of culture and collective identity, whose essence is particularist. It seems that the multinational context of the Quebec-Canada confrontation needs to be approached in a manner that cannot be fulfilled by a strict proceduralism and a purely formal universalism. The Habermasian position will thus be criticized for these reasons, while Taylor's stance, which contemplates the integration of material considerations in a dialogue open to ideological alterity, will be taken into account so as to make up for the shortcomings of the former.

Type
Articles
Copyright
Copyright © Canadian Philosophical Association 2001

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References

Notes

1 Nous nous en remettons avant tout, pour la position taylorienne, au texte suivant: Taylor, Charles, Multiculturalisme. Différence et démocratie, Paris, Aubier, 1994.Google Scholar

2 La reéponse de Habermas à Taylor est formulée avant tout dans le texte suivant: Habermas, Jórgen, «La lutte pour la reconnaissance dans l'État de droit democratique», dans L'intégration republicaine, Paris, Fayard, 1998, p. 205243.Google Scholar

3 L'utilisation du doublet «particularisme-universalisme» n'est pas nouveau dans l'etude des phénomènes sociaux. À cet effet, voir Talcott Parsons, The Social System, New York, The Free Press, 1951, p. 163Google Scholar et passim, et ses successeurs, tel Martin, Seymour Lipset Revolution and Counter-Revolution, New York, Anchor Books, 1970, p. 38 tipassim.Google Scholar

4 Cf. entre autres Taylor, Charles, «L'atomisme», dans La liberté des modernes, Paris, PUF, 1997.Google Scholar

5 Taylor, Multiculturalisme, p. 52.

6 On reconnaçt ici la thèse taylorienne de la socialité de l'individu, laquelle s'oppose à l'atomisme des ultralibéraux. Cf. Taylor, «L'atomisme», p. 223-254.

7 Cf. Said, Eward, Orientalism, New York, Vintage Books, 1979.Google Scholar Taylor se réclame plutöt, dans ce contexte, de Franz Fanon (Multiculturalisme, p. 88). On pourrait aussi s'en remettre à Albert Memmi, Portrait d'un Juif, Paris, Gallimard, 1962–1966Google Scholar, et Memmi, Albert, Portrait du colonisateur, Paris, Gallimard, 1985.Google Scholar

8 Taylor, Multiculturalisme, p. 63.

9 Ibid., p. 84-85.

10 Cf. Rawls, J., Théorie de la justice, Paris, Seuil, 1997.Google Scholar

11 Cf. Habermas, J., «L'individuation par la socialisation», dans La Pensee postmétaphysique, Paris, Armand Colin, 1993, p. 187241.Google Scholar

12 Habermas, «La lutte pour la reconnaissance», p. 205.

13 Hegel emploierait ici le terme de Sittlichkeit.

14 Le terme «éthique» prendra, tout au long de l'article, ce sens qui renvoie aux formes de vie, aux habitudes et mceurs communes, aux projets collectifs d'un peuple, à la culture, etc., conformement à l'acception habermassienne. II faut done éviter d'y voir un contenu moralisant.

15 En termes rousseauistes : la personne publique est à la fois sujet et citoyen. Un écho lointain de ce principe se retrouve aussi dans les Lois de Platon (643e) : le «citoyen accompli», produit de l'éducation, sait «commander et obéir selon la justiceé (), c'est-à-dire qu'il est a la fois sujet et chef, et ce, μετα δikηζ, avec justice ou à l'intérieur des paramètres du juste.

16 À titre d'exemple, Habermas cite la quete d'égalité matérielle du mouvement féministe : «[&] les droits subjectifs, qui sont censés garantir aux femmes une vie privee autonome, ne peuvent pas être formules de façon adéquate si les personnes concernees n'ont pas préalablement articulé et justifie, dans le cadre de debats publics, les aspects chaque fois significatifs pour l'égalité ou l'inegalite de traitement des cas typiques. L'autonomie privée des citoyens égaux en droits ne peut être assurée qu'en activant leur autonomie civique» (Habermas, «La lutte pour la reconnaissance)), p. 213).

17 Ibid., p. 211.

18 Kymlicka adopte une stratégic similaire à Habermas dans Liberalism, Community and Culture lorsqu'il prétend que si le libéralisme doit s'assurer que l'individu puisse faire des choix personnels judicieux (par quoi se définit sa liberté), il doit du meme coup promouvoir la culture qui produit le contexte de choix : «Liberals should be concerned with the fate of cultural structures […] because it's only through having a rich and secure cultural structure that people can become aware, in a vivid way, of the options available to them, and intelligently examine their values» (Kymlicka, W., Liberalism, Community and Culture, Oxford, Clarendon Press, 1991, p. 165).Google Scholar

19 Le traducteur emploie ici le terme de «coloration» ethique. Cf. Habermas, «La lutte pour la reconnaissance», p. 219 et passim.

20 Ibid, p. 221.

21 Cf. Habermas, J., La paix perpétuelle, Paris, Les Éditions du Cerf, 1996, p. 89.Google Scholar

22 Cf. J. Habermas, «Über den doppelten Boden des demokratischen Rechtsstaats», dans Eine Art Schadensabwicklung. Kleine politische Schriften VI, Francfort, Suhrkamp, 1987, p. 19 sq. et «GeschichtsbewuBtsein und posttraditionale Identität», dans Ibid., en particulier la section III, p. 168 sq.

23 Habermas, «La lutte pour la reconnaissance)), p. 230.

24 Ibid., p. 213.

25 Ibid., p. 227-228.

26 Kymlicka défend une thèse similaire dans la question de la culture autochtone eu égard à la culture anglo-canadienne. Cf. Kymlicka, Liberalism, p. 151.

27 Habermas, «La lutte pour la reconnaissance», p. 232.

28 Kymlicka définit la restriction éthique en termes de «context of choice» déterminé par l'héritage culturel. Cf. Kymlicka, Liberalism, p. 164-165.

29 Cf. Kymlicka, W., «Communautarisme», dans Dictionnaire d'éthique et dephilosophie morale, Paris, PUF, 1996, p. 270.Google Scholar

30 Plus qu'une intégration simplement européenne, telle que défendue dans «1989 dans l'ombre de 1945 : sur la normalité d'une future République berli-noise», Symposium, vol. Ill, nº 1 (printemps 1999), p. 53-69 (version allemande : «1989 im Schatten von 1945…», dans Die Normalität einer Berliner Republik, Francfort, Suhrkamp, 1995, p. 167-188), La paix perpétuelle, p. 76-78, semble promouvoir une intégration planétaire.

31 Habermas, «La lutte pour la reconnaissance», p. 219. La position de Kymlicka peut être interpretee de faÇon similaire. Cf. Kymlicka, Liberalism, p. 35.

32 Cf. aussi Aristote, Éthique à Nicomaque, 1094a2, 22.

33 Cf. Habermas, La paix perpetuelle, p. 56.

34 Habermas est conscient de ce probléme. II croit néanmoins, sur la base des travaux de T. Lindholm («The Cross-Cultural Legitimacy of Human Rights», Norwegian Institute of Human Rights, nº 3, Oslo, 1990) qu'un consensus est possible. Cf. Habermas, La paix perpetuelle, p. 70.

35 Taylor, Multiculturalisme, p. 87 sq.

36 Habermas, «La lutte pour la reconnaissance)), p. 224-231.

37 Cf. la description taylorienne de la constitution dialogique du Soi, supra.

38 Habermas, Die Normalität einer Berliner Republik, p. 89–90.

39 Et ce, en dépit de l'un de ses derniers ouvrages, L'intégration républicaine, dont le titre original, Die Einbeziehung des Anderen, se traduit litteralement par «l'inclusion de l'Autre».