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Frege et le cogito

Published online by Cambridge University Press:  13 April 2010

Stéphane Chauvier
Affiliation:
Université de Caen

Abstract

Most of the readers of Frege's first Logical Investigation, “The Thought,” have been convinced that, according to Frege, the sense of ‘I’ was a private one, that an I-thought was a private thought. But it is not the case: the famous Fregean distinction between private representations and public thoughts seems an explanation and a generalization of the I-thought problem as much as an anti-Cartesian repetition of the Cartesian Second Meditation. Frege's position concerning indexical thoughts is that they are public thoughts, for the sense of an indexical expression is not related to private representations but to some semiotical aspects of the public context of its utterance.

Type
Articles
Copyright
Copyright © Canadian Philosophical Association 1999

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References

Notes

1 Frege, «La pensée», trad. Claude Imbert, dans Écrits logiques et philosophiques, Paris, Seuil, 1971, p. 170–195.

2 Dummett, Michael, Ursprunge der analytischen Philosophie, Francfort, Suhrkamp, 1988Google Scholar; trad. Franç. Lescourret, Marie-Anne, Les origines de la philosophie analytique, Paris, Gallimard, 1991, chap. 3.Google Scholar

3 Frege, «La pensee», p. 183.

4 Cf., notamment, Perry, John, «Frege on Demonstratives», Philosophical Review, vol. 86, no4 (1977), p. 474497CrossRefGoogle Scholar; Evans, Gareth, «Understanding Demonstratives», dans Herman Parret et Jacques Bouveresse, dir., Meaning and Understanding, Berlin, De Gruyter, 1981, p. 280303Google Scholar. Ces deux articles sont traduits et présentés par Eros Corazza et Jérôme Dokic, dans Penser en contexte. Le phénomène de l' indexicalité, Combas, Éd. de l'Eclat, 1993.

5 Frege, «La pensee», p. 173.

6 Ibid., p. 178.

8 Ibid., p. 180.

9 E. Corazza et J. Dokic, Penser en contexte, p. 134.

10 Cf. Frege, «Sens et denotation», dans Écrits logiques et philosophiques, traduction citée, p. 103.

11 Perry dit toutefois que le signe linguistique possède ce qu'il appelle un rôle (E. Corazza et J. Dokic, Penser en contexte, p. 78), c'est-à-dire que tous les locuteurs savent identiquement, indépendamment de tout contexte, comment employer un mot comme «aujourd'hui» ou comment l'interpréter. Seulement une telle règle ne peut être identifyée avec un sens frégéen, car elle ne suffit pas à elle seule à donner une référence. Cette règle a plutôt un caractère métalinguistique : elle stipule comment former un signe complet, plutôt que comment employer un signe complet.

12 Frege, «La pensée», p. 178.

13 Une analyse semblable est développee par Corazza, Eros dans Référence, contexte et attitudes, Montréal, Bellarmin; Paris, Vrin, 1995, p. 20Google Scholar. Toutefois, selon Corazza, ce qui vient compléter cette matrice, c'est «l'acte de perception du locuteur ou le mode de donation (perceptuel) qu'il associe à l'expression indexicale» (ibid., p. 35). Or, Frege ne parle pas de la perception courante, mais des signes non linguistiques qui l'accompagnent.

14 Frege, «La pensée», p. 193, les italiques sont de nous.

15 Ibid., p. 178, les italiques sont de nous.

16 E. Corazza et J. Dokic, Penser en contexte, p. 84.

17 Nous parlons bien ici des indexicaux purs et éventuellement de démonstratifs comme «ceci» / «cela», mais non d'un prédicat sortal indexicalisé comme «cet homme» ou «cet arbre». Sur ces distinctions, cf. Kaplan, David, «Demonstratives», dans Joseph Almog, John Perry et Howard Wettstein, dir., Themes from Kaplan, Oxford, Oxford University Press, 1989, p. 481663Google Scholar et Eros Corazza, Référence, contexte et attitudes, p. 43 sqq.

18 Frege, «La pensée», p. 177.

20 Au sens de Perry. Cf. supra note 11.

21 E. Corazza et J. Dokic, Penser en contexte, p. 127.

22 Ibid., p. 89–90.

23 Frege, «La pensée», p. 181.

24 Ibid., p. 182.

25 Ibid., p. 184.

27 «Je me suis persuadé qu'il n'y avait rien du tout dans le monde, qu'il n'y avait aucun ciel, aucune terre, aucuns esprits, ni aucun corps, ne me suis-je done pas aussi persuade que je n'étais point?», Meditations métaphysiques, dans Œuvres de Descartes, publicées par Charles Adam et Paul Tannery, réimpression Paris, Vrin, 1983, t. IX, p. 25, lig. 3–4, dorénavant AT.

28 Frege, «La pensée», p. 187.

29 Ernst Mach, L'analyse des sensations, trad. Françoise Eggers et Jean-Maurice Monnoyer, Nîmes, Jacqueline Chambon, 1996.

30 Cf. le dessin de Mach reproduit à la p. 22 de la traduction précitée.

31 E. Mach, L'analyse des sensations, p. 8.

32 Frege, «La pensée», p. 188.

33 Notons toutefois que, dans ce cas, nous n'avons pas une représentation du Moi, mais de ce que Mach note α, β, γ, soit des états psychiques impersonnels, ici l'état d'être en train de voir. Cf. L'analyse des sensations, p. 13.

34 Frege, «La pensée», p. 188.

35 Une distinction analogue est mentionée par Eros Corazza, dans «Dire “je“», Dialogue, vol. 30, no ½ (1991), p. 51–75.

36 E. Mach, L'analyse des sensations, p. 27.

37 Ibid., p. 30.

38 Frege, «La pensée», p. 174.

39 Ibid., p. 192.

40 Ibid., p. 195.

41 Encore une fois, nous ne parlons que des indexicaux purs ou des démonstratifs, mais pas des prédicats sortaux indexicalisés.

42 Nietzsche, Volonté de puissance, I, §98, trad. Geneviève Bianquis, Paris, Gallimard (Tel), 1995, t. 1, p. 43.

43 L'Espace et le Temps pourraient n'être qu'un mode d'organisation immanent de nos sense-data.

44 «N'y a-t-il pas cependant quelque chose qui corresponde dans le contenu de ma conscience au mot je? Et n'est-ce pas une représentation? Peut-être. Une certaine représentation peut étre liée dans ma conscience avec la représentation du mot je. Mais alors elle est une représentation à coté d'autres représentations et j'en suis le porteur comme je suis le porteur des autres représentations. J'ai une représentation de moi mais je ne suis pas cette représentation. Il faut distinguer nettement entre ce qui est un contenu de ma conscience, ma représentation, et ce qui objet de ma pensée», Frege, «La pensée», p. 188–189.

45 Rappelons que ce qui intéresse Frege dans ce texte n'est ni de proposer une théorie générale des indexicaux, ni de proposer une analyse exhaustive de la pensée de soi, mais d'établir le caractère objectif des pensées.

46 «La possession d'une impression visuelle est nécessaire à la vision des choses mais non suffisante […]» (Frege, «La pensée», p. 192).

47 Il est évidemment inutile de dire : «l'un de nos états cognitifs ou émotifs», puisqu'on n'en aperçoit pas d'autres. Et s'il se faisait que nous en apercevions d'autres, ou bien ils se presenteraient d'une manière qualitativement différente, et dans ce cas il y aurait une manifestation phénoménale du je, ou bien tous ces états seraient qualitativement homogènes et le mot «je» dénoterait un esprit universel, une äme du monde.

48 Ce qui nous donne l'occasion de dire «je» ne fait pas partie du sens de «je».

49 Descartes, «Troisièmes réponses», à Hobbes, dans AT, t. IX, p. 136. Cf. également: «Nous ne connaissons point les substances immédiatement par elles-mêmes; mais, de ce que nous apercevons quelques formes ou attributs qui doivent être attachés à quelque chose pour exister, nous appelons du nom de substance cette chose à laquelle ils sont attachés» («Quatrièmes réponses», à Arnauld, dans AT, t. IX, p. 173). «Nous n'avons point d'autre idée de la substance précisément prise sinon qu'elle est une chose dans laquelle existe formellement ou éminemment ce que nous concevons ou ce qui est objectivement dans quelqu'une de nos idées, d'autant que la lumière naturelle nous enseigne que le néant ne peut avoir aucun attribut réel» («Secondes réponses», «Raisons qui prouvent l'existence de Dieu», dans AT, t. IX, p. 124–125).

50 «Quand nous apercevons que nous sommes des choses qui pensent, c'est une premiere notion qui n'est tirée d'aucun syllogisme; et lorsque quelqu'un dit : je pense done je suis ou existe, il ne conclut pas son existence de sa pensée comme par la force de quelque syllogisme, mais comme une chose connue de soi; il la voit par une simple inspection de l'esprit» (Descartes, AT, t. VII, p. 140 et IX, p. 110. Cf. en outre, la «Lettre à Clerselier sur les Instances de Gassendi», dans AT, t. IX, p. 205).