Cet article analyse un jugement de la Cour suprême du Canada rendu en 2017, en le comparant à un cas semblable survenu en 2002 en Nouvelle-Zélande. La première cause visait à accorder une protection juridique à « l’esprit de l’ours Grizzly » habitant un mont de Colombie-Britannique sur lequel des promoteurs voulaient construire une station de ski et la seconde visait à protéger une créature spirituelle vivant dans les eaux du ruisseau. Dans les deux cas, la question posée aux juges revient à statuer sur l’existence de créatures métaphysiques, et donc à trancher un conflit ontologique. Les juges canadiens et néo-zélandais vont refuser d’étendre le domaine d’application du droit à la protection des objets de ces croyances. Leur conclusion peut se comprendre à la lumière du fait que le mode d’argumentation juridique, de par sa nature rationaliste et naturaliste, n’est pas en mesure de penser les entités métaphysiques à partir du cadre conceptuel que lui a légué la révolution scientifique du XVIIe siècle.
This article analyzes a Supreme Court judgment rendered in 2017 by comparing it to a similar case from New Zealand in 2002. The first case aimed to provide legal protection to the sacred “Grizzly Bear Spirit” living on a mountain in British Columbia, on which developers wanted to build a ski resort. In both cases, the judges had to rule on the existence of metaphysical creatures, and thus settle an ontological conflict. The Canadian and New Zealand judges refused to extend the scope of freedom of religion to the protection of the subjective manifestation of these beliefs. Their conclusion can be understood in the light of the rationalist and naturalistic nature of legal argumentation that is unable to think of metaphysical entities through the conceptual framework bequeathed to it by the scientific revolution of the 17th century.
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