Appelés, pour la troisième fois depuis le commencement de la guerre, à rendre compte dans ce bulletin de ce que nous, avons pu faire dans l'intérêt des blessée, nous avons peu de chose à ajouter à nos précédents rapports, dont le dernier s'arrêtait au 31 décembre 1870. Nous pourrions presque nous bonier à nous en référer à ce que nous avons déjà dit, car la plupaft de nos services ont continué sans modification importante.

Par sa circulaire du 10 décembre 1870, le Comité central autrichien vous a fait connaître les motifs qui l'engageaient à ajourner la Conférence de Vienne, et à désirer que cette conférence fût précédée de discussions préparatoires sur les expériences de la dernière guerre.

Pendant le cours de la dernière guerre, nous avons eu maintes occasions de nous convaincre que l'œuvre de la Croix rouge était peu et surtout mal comprise par beaucoup de gens, même parmi ceux qui y partidpaient activement, et chez lesquels l'ignorance des bases fondamentales de l'institution avait lieu de nous surprendre. La Convention de Genève et les Sociétés de secours donnaient lieu en outre à de perpétuelles confusions. Il régnait même à ces divers égards des préjugés fâcheux qui, s'ils se perpétuaient et se généralisaient, nuiraient sérieusement au développement ultérieur de nos associations, en leur enlevant les sympathies qui leur sont nécessaires.

No 14. Février 1871. — Revue de la quinzaine. — Décret important. – Description du lit-civière de M. Denamur. — Mouvement du magasin central.

Nous avons donné à nos lecteurs, dans la 6me livraison du Bulletin international, un court exposé de l'activité du Comité central des Sociétés allemandes de secours aux militaires blessés et malades en campagne, siégeant à Berlin. Cet exposé, malgré; le titre restrictif :

« Allemagne du Nord, » qui lui a été donné par erreur, embrasse, comme on l'a compris, l'Allemagne tout entière. Depuis que nous avons publié cet exposé, l'activité du Comité central a été incessante. Elle n'a pas même pris fin en ce moment, où, grâce à Dieu, la paix est définitivement signée et assurée, nous l'espérons, pour de longues années.

Il a été publié dernièrement, à Berlin, une brochure en langue française intitulée: Les violations de la Convention de Genève par les Français en 1870-71. Cet opuscule, de 40 pages in-octavo, a été offert par le Comité central allemand à tous nos abonnés, qui ont déjà dû le recevoir.

L'Espagne augmente et organise peu à peu dans les provinces ses comités d'hommes et de dames. Elle a fait un grand pas dans une œuvre dont la Convention de Genève ne parle pas, savoir l'assistance des blessés dans les luttes intestines qui peuvent avoir lieu dans les villes, et elle a été secondée dans cette voie par la chambre législative lors de la dernière loi d'ordre public, ainsi que par les autorités civiles et militaires. Elle n'entend pas par là encourager les révoltés, mais, au contraire, diminuer les révoltes et les cruautés. L'œuvre humanitaire de la Sainte-Croix, fondée le 2 mai et très-répandue à Madrid, a adhéré à nos principes et fournira sans doute de courageux volontaires et de zélés partisans des deux sexes.

La Société de secours aux blessés des armées de terre et de mer, n'ayant pas été invitée, le 18 mars, par les autorités militaires à suivre l'armée à Versailles, au moment où celle-ci quittait Paris, crut de son devoir, à titre puremenl humanitaire, de continuer son œuvre, au risque de ne pas voir respecter le drapeau international et appliquer les articles de la Convention de Genève par l'armée.

Au moment oú le rètablissement de la paix va mettreun terme à l'œuvre de dévouement si noblement entreprise et poursuivie avec tant d'abnégation par la Sociútú de secours aux blessús militaires, je remplis un devoir bien doux en túmoignant, au nom du gouvernement, des sentiments de profonde gratitude qu'ont excitús en France les úminents services rendus à la cause de l'humanité par la société dont vous êtes le digne président, et par toutes les sociétés étrangères dont le précieux concours vous a été acquis

Dans le no 5 de cette publication, on trouve le récit de ce qui s'est fait dans les Pays-Bas pour l'assistance des blessés, dès le début de la lutte entre la France et l'Allemagne. Ce récit, tiré des premiers fascicules du Bulletin hollandais, ne comprend que les deux premiers mois de la guerre; continué dans les mêmes proportions, il dépasserait les bornes de ce recueil. Aussi nous borneronsnous, ici, à donner un simple aperçu de la part que nous avons prise au soulagement des soldats victimes de cette guerre. Nos comités, au nombre de 132, étaient répartis sur le territoire des Pays-Bas, et le comité supérieur (Hoofd Comité) de la société de la Croix-Rouge néerlandaise résidait à la Haye.

Le 20 décembre 1870, les étudiants français à la Faculté de théologie de Genève prenaient ensemble la résolution de s'employer au soin des soldats, victimes de la guerre; plusieurs d'entre eux avaient déjà fait le service d'inflrmiers. Ils se décidèrent à fonder une ambulance pour laquelle ils solliciteraient l'aide de la Suisse.

Cette société, fondée en 1863 après la Conférence de Genève, par le Dr Hahn, qui, depuis lors, l'a toujours présidée, est placée sous le patronage de S. M. la reine Olga. Non-seulement elle a fonctionné pendant les campagnes de 1864 et 1866, où, de l'aveu de tous, elle a obtenu d'excellents résultats, mais elle a déployé pendant la guerre de 1870–1871, entre la France et l'Allemagne, une activité tout à fait exceptionnelle, puissamment encouragée par son auguste protectrice, et sous la direction de son président, le Dr Hahn.