Le zèle avec lequel le peuple japonais s'est associé, depuis 1886, à l'œuvre de la Croix-Rouge, et la forte constitution qu'il a donnée à sa société nationale permettent d'espérer que, dans la guerre qui a éclaté tout récemment entre le Japon et la Chine, nos honorables correspondants de Tokio seront en mesure de suffire à leur tâche.

Lorsque, en 1869, la Conférence de Berlin nous chargea de rédiger un bulletin périodique, on put concevoir quelque inquiétude quant aux destinées d'un semblable recueil, car il aurait besoin, pour se soutenir, du concours des représentants de la Croix-Rouge en tous pays. Mais, maintenant, sa vitalité ne peut plus être mise en doute; son passé répond de son avenir. Nous en publions aujourd'hui la CENTIÈME LIVRAISON, après avoir triomphé, grâce à un travail soutenu, des difficultés d'une période d'essai, dans un temps où l'extension de l'œuvre que nous servons était bien moindre qu'actuellement. Nous avons eu le bonheur, non seulement de réunir des matériaux suffisants, mais encore de ne pas devoir recourir aux subsides que nous étions autorisés à réclamer des comités centraux, en cas de besoin.

Kriegerheil. Organ der deutschen Vereine vom Rothen Kreuz (mensuel), 1894, nos 6 à 8. — Berlin, 40.

Das Rothe Kreuz (bi-hebdomadaire), 1894, nos 13 à 16. — Berlin 40.

Boletin de la Sociedad argentina de la Cruz-Roja, no 19. — Buenos-Ayres, 1894, 80

D'après le journal autrichien Das Rothe Kreuz, les Sociétés de dames continuent en général à prospérer et à se développer, particulièrement par la fondation de nonvelles sections, qui viennent augmenter rapidement le nombre des membres de la Société à laquelle elles se rattachent. Les ressources précuniaires s'accroissent également dans les mêmes proportions, et la situation financière se révèle chaque année plus brillante. La plupart d'entre elles ne s'occupent pas seulement de préparer, tant en personnel qu'en matériel, les ressources nécessaires à une guerre éventuelle, mais tendent, en vue d'utiliser leurs forces, à s'intéresser à toutes les œuvres de bienfaisance et de secours qui fleurissent en temps de paix.

La Croix-Rouge autrichienne considère comme une de ses tâches d'utiliser les forces dont elle dispose, et d'employer les ressources qu'elle possède, à porter remède, en temps de paix, à toutes les calamités publiques et générales qui peuvent assaillir le pays.

Le rapport annuel constate avec regret les vides qui se sont produits dans le sein du Comité central depuis l'année dernière; le conseiller aulique Beuzino, enlevé après vingt et un ans d'activité, a été remplacé par M. Reindl, en qualité de représentant du Palatinat. Le premier bourgmestre de Munich a bien voulu se laisser nommer membre du Comité central.

Nous empruntons au 18me rapport de la Société danoise les détails suivants sur son activité en 1893.

La Société, invitée à désigner un délégué pour faire partie du jury international réuni à Rome en 1893, a désigné pour ces fonctions M. Jörgensen, médecin-major du 2e régiment d'infanterie. D'après son rapport, l'Exposition a été fort intéressante et instructive, mais l'impression principale du docteur est que, les administrations du service sanitaire, dans les différents pays, ayant toutes adopté déjà le matériel le mieux approprié au transport des blessés sur les champs de bataille, on ne pouvait guère, pour le moment, s'attendre à voir surgir des innovations. Le docteur ajoute que, à tout ce qu'il a vu à cette occasion et aux expositions précédentes, il préfère, pour notre pays, nos brancards réglementaires, nos charrettes-brancards Furley nouveau modèle et nos voitures de transport pour les malades.

Dans son rapport sur l'exercice 1893–1894, le Comité de Bordeaux se loue de l'accueil sympathique que la Croix-Rouge française rencontre auprès des populations, et remercie en particulier la presse bordelaise de la courtoisie avec laquelle elle ouvre les colonnes de ses journaux à toutes les communications qui lui sont adressées par la Société.

L'interprétation de la Convention de Genève, sur un point spécial, a donné lieu, dans la presse anglaise, à une discussion au sujet de laquelle un officier supérieur de l'armée de la Grande-Bretagne a fait l'honneur au Comité international de lui demander son avis.

Cette consultation pouvant avoir une utilité plus étendue que celle du cas particulier dont il s'agissait, nous en dirons ici quelques mots.

Quatre événements, ainsi que le fait ressortir le rapport annuel du Comité exécutif central, ont signalé l'exercice 1892–1893 et ont assuré à cette période une place exceptionnelle dans les annales de l'Association ambulancière de Saint-Jean.

Ce sont: l'inauguration, au mois de mai, par la reine elle-même, de l'Institut impérial, le corps métropolitain de la brigade de Saint-Jean étant de service; puis, dans le grand parc de Windsor, l'inspection, par la reine également, de quatre corps de la brigade, qui évoluèrent devant Sa Majesté, secourant les blessés, appliquant des bandages, faisant des pansements, emportant les morts. L'intérêt personnel que la reine a bien voulu porter à cette branche si importante de l'œuvre ambulancière donna à son développement une impulsion nouvelle, qui eut l'occasion de se manifester dans les rues de Londres, le jour du mariage du duc et de la duchesse d'York; deux cents officiers d'ambulance, dix chirurgiens et trente-huit infirmières portèrent secours à mille cinq cent cinquante-quatre personnes, atteintes d'indispositions ou victimes d'accidents. C'est là le troisième fait à enregistrer. Enfin trente mille sept cent soixante et un certificats de capacité, soit deux mille de plus que dans toute année antérieure, furent délivrés pendant l'exercice 1892–1893.

Les lecteurs du Bulletin ont pu lire, dans notre précédent numéro, les conclusions du remarquable mémoire présenté à la section de chirurgie militaire du Congrès médical international de Rome par le Dr Tosi.

Nous croyons devoir extraire de ce rapport et reproduire ici le paragraphe qui concerne l'intervention de la Croix-Rouge sur le champ de bataille. Les idées émises par l'honorable rapporteur sur ce point tranchent, en effet passablement sur l'opinion qui a cours généralement dans les milieux militaires.

Nous sommes à même, grâce à une brochure qui nous a été envoyée sur ce sujet, de donner, sur l'hôpital de la Société japonaise de la Croix-Rouge, quelques détails complémentaires, qui empruntent à la guerre de Corée un intérêt particulier.

Lorsque, en 1887, l'hôpital, qui avait été construit en 1884, à l'instigation du Dr Hashimoto, de retour de son voyage à Genève, fut devenu trop exigu pour satisfaire aux demandes croissantes, la cour impériale affecta une somme de 100,000 yen à la construction d'un bêtiment plus vaste, situé dans un quartier plus sain.

Le rapport qui a paru cette année embrasse une période d'activité de quatre ans, de 1889 à 1893.

En 1889 la Société perdit deux hommes profondément attachés à sa cause, M. Schnitler et M. Selmer. M. Schnitler était un des fondateurs de la Société; il fonctionna comme secrétaire de 1865 à 1867, et fut, depuis 1871 jusqu'à sa mort, membre de la Direction. M. Selmer y entra en 1880, lorsque le ministre d'Etat M. Stanz la quitta. Il fut élu président de la Direction, et conserva cette charge jusqu'à sa mort. La Société leur doit la plus grande reconnaissance pour leur travail assidu et dévoué.

Le Conseil fédéral suisse a reçu du gouvernement néerlandais l'office suivant:

« Le Ministère des affaires étrangères des Pays-Bas à Monsieur le président de la Confédération suisse.

« La Haye, le 10 mars 1894.

« Monsieur le Président,

« Par une note du 30 janvier 1869, no 574, M. Rœst van Limbourg, à cette époque ministre des affaires étrangères du feu roi, mon auguste souverain, a eu l'honneur d'informer Son Excellence Monsieur le président de la Confédération suisse de l'adhésion donnée, par le gouvernement des Pays-Bas, aux articles additionnels à la Convention internationale du 22 août 1864 pour l'amélioration du sort des militaires blessés à la guerre, articles dont le projet avait été signé à Genève le 20 octobre 1868, de même qu'à la modification proposée dans l'un de ces articles par le gouvernement français.

La guerre de 1866 qui, sans avoir pour théâtre la contrée avoisinant Eisenach, se déroula cependant dans les pays immédiatement environnants, suscita, par les misères qu'elle fit éclater à tous les yeux, la première idée de la constitution, à Eisenach, d'une branche de la Croix-Rouge. Fondée en 1868, par M. Coudray, avec vingt-quatre membres, la jeune Société se développa rapidement, et vit le nombre de ses membres, déjà plus que doublé à la fin de la première année, s'élever à cent trente-six en 1870.

En juillet dernier, la colonne sanitaire de Berlin a procédé, de nuit, à des exercices de secours sur l'emplacement de manœuvres qui s'étend entre les gares d'Anhalt et de Potsdam; soixante-dixhommes environ reçurent les objets de pansement et les brancards nécessaires au transport des blessés. Leur guide, le secrétaire Wolter, avait eu soin de disséminer, sur le terrain d'exercice, entre les voies de chemin de fer, dans les haies et dans les fossés, les «blessés», qui portaient sur leur poitrine une étiquette indiquant leur blessure. On supposait qu'une bataille avait eu lieu pendant la nuit, et qu'il s'agissait de recueillir les derniers blessés. Les volontaires se mirent alors à l'œuvre; devant chaque civière marchait un homme portant une lanterne sourde et cherchant à découvrir les blessés; dès qu'on en avait trouvé un, on le plaçait sur la civière et on le pansait à la lueur de la lanterne. En même temps, le Dr Zelle, sous la direction duquel s'exécutait l'exercice, donnait sur chaque opération des instructions détaillées. Enfin, les blessés furent transportés jusqu'au dépôt, malgré la difficulté d'un terrain coupé par les exercices du génie.

D'après le compte rendu du 1er janvier 1892, il y avait à cette date deux cent quatre-vingt-sept organes de la Croix-Rouge dans tout l'empire russe, non compris les hôpitaux, les ambulances, les hospices, attachés à ces institutions. En 1892, seize comités furent encore formés, mais d'autres ont cessé d'exister, de sorte qu'en 1893, la Croix-Rouge russe comptait trois cent deux sociétés ou associations, possédant ensemble un capital de 4,832 mille roubles.

Le président, M. Stähelin, a ouvert la réunion des délégués de la Croix-Rouge suisse, qui s'est tenue à Zurich, le 7 juillet 1894, en consacrant quelques mots à l'organisation nouvelle, telle qu'elle a été introduite en 1893 à la suite de la revision des statuts. La division de la Direction centrale en quatre départements n'a pas encore porté ses fruits; à part le département de l'instruction, qui a tenu ses promesses, les autres n'ont pu fournir encore qu'un travail lent et incomplet; en outre, le chef du département du matériel, M. Auguste Socin, de Bâle, s'est vu contraint, à cause de ses occupations, de donner sa démission, et M. le Dr Krönlein, de Zurich, a bien voulu prendre sa place.

Si, à tort ou à raison, quelques personnes ont pu regretter que les autorités militaires tendissent à limiter l'intervention de la Croix-Rouge sur le champ de bataille, il n'est pas moins réjouissant de constater qu'une place très suffisante lui est faite, dans une sphère où personne ne songe à lui contester la première place et où aucun service sanitaire officiel ne saurait se passer de son concours. Qu'importe que son activité s'exerce en première, en seconde ou en troisième ligne, pourvu que les blessés et malades soient assurés de secours rapides et suffisants? La Croix-Rouge n'en demande pas davantage.

Depuis près de huit ans, l'aire géographique dans laquelle la Convention de Genève est en vigueur n'avait reçu aucun accroissement, mais nous n'avions pas perdu l'espérance de la voir s'étendre encore, notamment du côté de l'Amérique, où il nous semblait qu'elle devait éveiller d'autant plus de sympathie que les guerres y sont plus fréquentes qu'ailleurs. Nous avons donc été réjouis en apprenant que les Etats-Unis de Vénézuela s'étaient décidés à accéder au traité de 1864. Celte démarche a-t-elle été le fruit tardif d'une correspondance que nous avons eue jadis, sur le même sujet, avec des personnes influentes de ce pays, et des bonnes dispositions que nous y avions rencontrées alors? Nous ne savons; cela importe peu. L'essentiel est d'enregistrer l'heureuse décision prise par le gouvernement de Caracas. Puisse-t-elle être l'avant-coureur de la naissance d'une société vénézuélienne de la Croix-Rouge.