Mon propos est d'examiner les variations de la politique américaine dans les relations financières avec les belligérants, c'est-à-dire, en fait, presque uniquement avec la Grande-Bretagne et la France, au cours de la période de la première guerre mondiale où les États-Unis ont été neutres. Les étapes de cette politique ont été les suivantes :

1° Le 15 août 1914, en réponse à une question posée par la Banque Morgan, le Département d'État, dont le chef est William Jennings Bryan, fait publier dans la presse une note : le gouvernement estime que les banques américaines ne doivent pas accorder de prêts aux États belligérants, car cet appui financier serait « incompatible avec le véritable esprit de neutralité ».

L'étude des lignages français reste à faire selon des méthodes modernes. Les généalogies éditées jusqu'à ce jour ne tiennent que rarement compte de la vie sociale ; simples suites de filiations, de faits d'armes et d'anecdotes, elles ne replacent pas les hommes dans leur milieu social. D'autre part, l'histoire contemporaine s'est surtout attachée au patriciat; elle laisse le plus souvent les lignages nobles à des non-spécialistes imbus d'héraldisme et dont l'esprit critique reste en sommeil. Pour méritoire que soit la reconstitution des degrés et les études d'onomastique, il est évident que l'étude des familles, envisagée sous cet unique aspect, demeure à la fois rebutante et stérile. La sociologie seule peut sauver la généalogie. Le mouvement qui se dessine dans le Nord de la France en faveur de cette méthode combinée n'a jusqu'à présent touché que les dynasties bourgeoises.

L'industrie de Mulhouse a déjà fait l'objet de nombreuses études. Historiens, économistes ou sociologues l'ont citée en exemple. La plupart d'entre eux ont insisté sur le rôle prépondérant du facteur humain dans sa création et son développement. Cependant, les documents originaux montrant les animateurs de cette industrie sous l'angle humain sont rares.

L'exploitation systématique d'archives familiales pourra, en une certaine mesure, combler cette lacune. Une correspondance inédite datant des premières années du XIXe siècle nous permet précisément de pénétrer dans l'intimité d'une famille qui a joué un rôle considérable dans la révolution industrielle du dernier siècle.

Dans un article récent, Lucien Febvre exprimait le regret qu'un volume sur les Alpes n'eût pas trouvé sa place dans la Géographie Universelle. L'originalité du monde alpin est si accusée, le rôle joué par la grande chaîne dans la vie et la civilisation de l'Europe si décisif que les pages d'E. de Martonne dans son Europe centrale semblent trop rapides, — tout comme le manuel consacré par le même auteur aux Alpes et qui a dû, pour des nécessités d'alignement, être amputé de son dernier chapitre.

Si, par ailleurs, on peut reprocher à trop de géographes français d'édifier des monographies « sans aucun souci de plan d'ensemble », Raoul Blanchard et sa brillante cohorte d'élèves ont patiemment et méthodiquement scruté tous les aspects géographiques de la portion occidentale de la chaîne ; depuis douze ans le chef de l'école, servi, on le sait, par des dons d'exposition exceptionnels, a tiré de ces recherches une oeuvre monumentale qui touche à sa fin.

Le cadre naturel de l'histoire agraire —entendons par là l'histoire interne de la société agricole sous tous ses aspects, juridiques, économiques, sociaux — c'est le sol, le paysage agricole. Or, à quelques exceptions près, le sol existe encore, et les observations qu'on peut faire aujourd'hui, à son sujet, sont, en une certaine mesure, valables pour le passé. Par suite, quelques prémisses de l'histoire agraire peuvent, croyons-nous, être fixées avec une certitude comparable à celle des sciences naturelles ; ou pour le moins, situées sur un plan analogue à celui de l'archéologie.

Cette opinion est renforcée par plusieurs séries importantes de faits. Que l'on songe, par exemple, aux résultats de la géologie quaternaire. En Scandinavie, l'étude des variations des rivages maritimes a souvent permis de fixer la date avant laquelle telle ou telle région était inhabitée parce que recouverte par la mer.

Signalons, dans le Journal de Psychologie, un remarquable article de Georges Dumézil. Il s'intitule Les Archanges de Zoroastre et les Rois Romains de Cicèron ; un sous-tifre dégage le sens du travail : Retouches homologues de deux traditions parallèles. L'auteur se propose en effet de montrer, non point des concordances remarquables entre des états de civilisation et de pensée captés sur divers points du domaine indo-européen et qui supposent le maintien en ces points d'un héritage commun — mais la concordance, plus difficile à interpréter, de deux efforts de pensée très postérieurs à l'unité indo-européenne : deux efforts distincts, deux efforts sans liaison possible dans le temps ni dans l'espace, mais qui tous deux cependant ont abouti à modifier dans un même sens et de la même façon un héritage idéologique commun.

Il n'est sans doute pas trop tard pour parler d'un petit ouvrage de synthèse historique, dont on n'a pas assez signalé l'intérêt. M. F. W. Walbank, spécialiste de l'économie antique, l'a publié sous le titre : La Décadence de l'Empire romain en Occident. Ce livre fait partie d'une collection (« Past and Présent Séries ») qui paraît, à la Cobbett Press, à Londres, sous la direction du préhistorien britannique bien connu V. Gordon Childe. L'étiquette est très nette : M. Gordon Childe ne fait nul mystère de son stalinisme orthodoxe, et entreprend de'faire pénétrer le marxisme dans les études historiques de langue anglaise.

Fès, à la veille du Protectorat français, est la plus caractéristique des villes du Maroc, en même temps qu'elle érige un type absolument personnel.

C'est la ville par excellence. C'est elle qui a le mieux sauvegardé des traditions citadines, obscures quant à leurs origines locales, mais renforcées et imprégnées par l'apport hispano-musulman. Elle doit compter, vers 1900, quelque 115 000 habitants, soit près de quatre fois la population de Rabat à l'époque. L'agglomération la plus ancienne, la Médina, assemble autour de la Mosquée-Université, Qarawiyîn, ses quartiers hiérarchisés. Plus loin, une grosso bourgade, de caractère militaire et rural, Fès Jdîd, accolée à un quartier juif.

Place commerciale et manufacturière, Fès est, pour toute la partie Nord et Sud-Est du Maroc, le pôle économique d'attraction et de distribution. Un comput fait en 1938, à un moment où la part du travail artisanal a déjà décru devant celle, grandissante, de l'article européen, donne une idée de son importance industrielle.

M. Henri Michel, le dévoué et efficace Secrétaire général du Comité d'Histoire de la Résistance française que préside Pierre Caron et qui, depuis la Libération, a accompli la tâche excellente qu'on sait —nous donne, sous le format modeste d'un des petits volumes de la Collection Que sais-je? une esquisse, ou un précis, d'une Histoire extrêmement obscure encore, en maintes parties, et fort délicate à exposer quand on est scrupuleux. — Treize chapitres : I, les débuts ; — II et III, le mouvement dans les deux zones, Nord et Sud, jusqu'à la fin de 1942 ; — IV, Partis et Syndicats ; — V, les tentatives de rapprochement entre le Comité extérieur en quelque sorte (celui de Londres) et la Résistance intérieure, privée de moyens d'action efficaces ; — VI, la Résistance en Afrique du Nord ; —VII, VIII, IX, X, les organes et les moyens : liaisons, réseaux, journaux clandestins, maquis ; — XI, la création des Forces Françaises de l'Intérieur (F. F. I.) le 1er février 1944 et leur organisation ; — XII, le rôle de la Résistance dans la Libération ; — XIII, le martyre de la Résistance.

Il nous semble que le second cahier du tome 170 de VHistorische Zeitschrift marque une date dans la publication de la revue. Jamais, depuis que cette g.'ande revue allemande reparaît, nous n'avions éprouvé, avec autant d'intensité, le sentiment que certains de nos collègues d'outre-Rhin s'efforcent, non sans courage, de participer à cette « revision » réelle de l'histoire allemande qui n'a rien de commun avec la tendance paresseuse consistant, une fois jetés au rebut les ouvrages d'inspiration nationale-socialiste, à présenter comme neufs des méthodes et des problèmes déjà périmés en 1933.

Aussi avons-nous cru devoir, avant de nous arrêter aux articles de Theodor Schiedor (Das Problem der Révolution im XIX. Jahrhundert), de Heinrich Bornkamm (Die Slaalsidee im Kulturkampf) et de Ludwig Dehio (Ranke urid der deutschc Imperialisrnus), exprimer à ces auteurs le plaisir que nous avons ressenti à les lire.

Peu d'archives au monde sauraient s'enorgueillir de posséder un fonds d'histoire économique plus riche que celui de Harvard Business School Archives, à Cambridge (Mass.). Parmi les documents italiens, les plus importants de la collection étrangère, notons les archives privées des Barberini, fondateurs d'une banque illustre (81 volumes, dont 27 de comptabilité de banque, 14 livres de ccmptes, etc.) s'étalant sur trois siècles (1630-1818) et projetant un jour nouveau sur les origines de deux banques romaines encore existantes : Banco di Santo Spirito et Monte di Pieta. D'autres documents intéressent les Médicis (1377-1597), ils comprennent notamment 68 lettres de Laurent le Magnifique.