Cette note critique pose trois questions, formulées essentiellement à partir des deux premiers tomes de l’Histoire des sciences et des savoirs, entreprise dirigée par Dominique Pestre.Tout d’abord, elle examine les relations entre « sciences » et « savoirs ». Est-il possible de tracer une nette frontière entre les unes et les autres? Ou faut-il considérer les savoirs « scientifiques » (avec ou sans guillemets) comme une classe particulière de savoirs? Et, dans ce cas, doit-on les définir à partir d’un certain nombre d’opérations spécifiques? Ensuite, l’interrogation porte sur l’acceptation, la critique ou le refus de la définition classique de la « révolution scientifique », datée du XVIIe siècle et caractérisée par la rencontre entre la mathématisation de la nature et la pratique expérimentale. Faut-il lui substituer d’autres perspectives, qui portent l’attention sur les reconfigurations des champs de la connaissance ou sur la pluralité des révolutions? Enfin, est discutée l’attention portée aux histoires connectées des savoirs, qui rompent avec l’européocentrisme et introduisent de nouveaux acteurs. Mais ces circulations n’effacent pas l’asymétrie des échanges, les stigmatisations des savoirs indigènes ou l’imposition impérialiste de la science occidentale.