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Protoindustrialisation, protofabriques et désindustrialisation : une analyse économique

Published online by Cambridge University Press:  25 May 2018

Samuel P. S. Ho*
Affiliation:
University of British Columbia

Extract

Les spécialistes d'histoire économique étudient depuis plusieurs années le phénomène de « l'industrie avant l'industrialisation ». L'information recueillie jusqu'ici sur cette question semblerait montrer que la production industrielle était largement répandue dans les villages, les bourgs et les villes avant la révolution industrielle et le développement du machinisme. Parmi les caractéristiques de la protoindustrialisation, on retient les traits suivants : 1) Le commerce des produits industriels se fait non seulement à l'échelle locale, mais aussi à l'échelle régionale, nationale et même, dans certains cas, internationale. 2) Une grande partie de la main-d'oeuvre de la protoindustrie est fournie par des paysans qui y travaillent à temps partiel. 3) La protoindustrialisation se concentre dans certaines régions. Et comme, bien souvent, celles-ci ne vivent pas en autarcie, des liens étroits se nouent entre les régions de protoindustrialisation et les régions voisines où prédomine l'agriculture commerciale. 4) La protoindustrialisation régionale ne conduit pas nécessairement à l'industrialisation moderne ; dans de nombreux cas, elle a été suivie d'une désindustrialisation régionale.

Summary

Summary

The paper develops a simple micro-economic model of the semi-subsistence family farm and uses it to analyze the proto-industrialization and de-industrialization processes. It claims that regional proto-industrialization can be understood largely in terms of regional differences in population pressure, the commercialization of agriculture, and the development of national and international markets. But proto-industry was unable to compete with the more productive modem factories. Thus, the industrial revolution, which introduced modem factories only in certain regions, is seen as one possible cause of regional de-industrialization.

Type
Les Formes Protoindustrielles
Copyright
Copyright © Les Éditions de l'EHESS 1984

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References

Notes

1. L'hypothèse selon laquelle la protoindustrialisation aurait favorisé la croissance démographique est plus contestable. Une théorie pose que, grâce à l'augmentation des possibilités d'emploi qu'offrait l'industrie à domicile, les couples pouvaient subvenir à leurs besoins avec une superficie de terre plus faible et, par conséquent, se mariaient plus jeunes. (Franklin Mendels, « Protoindustrialization : The First Phase of the Industrialization Process », Journal of Economie History, 32, mars 1972, pp. 241-261. Cette théorie est plausible, mais elle ne correspond pas toujours à la réalité historique. Il semble que la protoindustrialisation et les changements démographiques aient eu des influences réciproques difficiles à démêler. Il n'entre pas dans notre propos d'aborder les problèmes démographiques que soulève la théorie de la protoindustrialisation, et nous poserons que la croissance démographique est une variable exogène.

2. Le terme biens-z (Z-goods), a été utilisé pour la première fois par Stephen Hymer et Stephen Resnick dans leur article « A Model of an Agrarian Economy with Non-agricultural Activities », American Economie Review, 59, sept. 1969, pp. 493-506. Dans cet article, les activités non agricoles, qu'elles aient lieu à domicile ou dans des ateliers de village à petite échelle, sont désignées comme z et les biens et services ainsi produits sont appelés « biens-z ».

3. La famille paysanne fixe OA en égalisant « le produit marginal du travail familial » et « l'évaluation marginale du travail familial ». Dans le cas de l'agriculture semi-autarcique, où il n'existe pas de marché du travail, le produit marginal du travail, en équilibre subjectif, tend à varier selon les familles, à cause des différences dans les terres dont elles disposent, et des différences dans la taille et la structure de la famille. Il aurait été possible d'analyser le processus à l'aide d'un modèle de famille paysanne pratiquant l'agriculture semi-autarcique qui aurait tenu compte explicitement du choix entre loisirs et travail. Nous avons choisi de ne pas le faire ici, car l'utilisation d'un tel modèle rendrait beaucoup plus complexe le graphique 1, sans toutefois aider beaucoup à notre compréhension du processus de protoindustrialisation. Pour une analyse de modèles de familles paysannes tenant compte du choix loisirs/travail, on consultera l'article de Chihiro Nakajima, « Subsistence and Commercial Family Farms : Some Theorical Models of Subjective Equilibrium », dans Clifton R. Wharton Jr. éd., Subsistence Agriculture and Economie Development, Chicago, Aldine, 1969, pp. 165-185, et l'article de John W. Mellor, « The Use and Productivity of Farm Family Labor in Early Stages of Agricultural Development », Journal of Farm Economies, 45, août 1963, pp. 517-534.

4. Du fait que la famille paysanne ne fixe pas les prix elle-même, mais accepte l'offre du marchand, la vpm du travail consacrée à la production de nourriture est égale au prix agricole (pF) multiplié par le produit marginal du travail qu'on y consacre (fL).

5. Si la famille paysanne ne peut utiliser que ses propres produits agricoles comme matières premières pour la production de biens-z, p,gL baissera brusquement lorsqu'elle aura épuisé ses propres matières premières. Si cela s'avérait être le cas, cela signifierait que la production de denrées agricoles et la production de biens-z sont interdépendantes. Dans cette étude, j'ai simplifié le problème en supposant que la famille paysanne pouvait acheter les matières premières dont elle avait besoin pour la production de biens-z.

6. De toute évidence, toute modification se produisant dans JC, dans la technologie des biens-z ou dans pz entraînera un déplacement de pz gL. L'analyse des déplacements se produisant dans pF fL est semblable à celle des déplacements se produisant danspF/t , et ne sera par conséquent pas abordée ici. Quoi qu'il en soit, ce qui importe pour l'analyse de la protoindustrialisation, ce sont les différences régionales existant dans N et les modifications de PF et pz.

7. Le modèle que nous utilisons est un modèle basé sur une seule période, et par conséquent il ne prend pas en considération la possibilité qu'une certaine part de travail puisse être consacrée à l'exploitation de la ferme pendant la morte-saison (c'est-à-dire pour entretenir ou améliorer la terre) pour accroître le rendement de la prochaine saison des travaux agricoles. L'étude de ce phénomène nécessiterait la création d'un modèle à plusieurs périodes.

8. Il est évident que ps z varie selon la taille des fermes et la qualité des terres cultivables dont disposent les familles (N).

9. Autrement dit, la baisse des prix des biens industriels provoquée par la révolution industrielle a éliminé ou réduit la rente économique que les protofabriques et les familles paysannes tiraient autrefois de la production de biens-z.

10. Il n'entre pas dans notre propos de passer en revue l'abondante littérature publiée au sujet du métayage. Pour un aperçu des différentes théories, on pourra consulter D. Gale Johnson, « Resource Allocation under Share Contract », Journal of Political Economy, 58, avril 1950, pp. 111-123 ; Steven N. S. Chbung, The Theory of Share Tenancy, Chicago, University of Chicago Press, 1969 ; P. K. Bardhan et T. N. Srinivason, « Cropsharing Tenancy in Agriculture : A Theorical and Empirical Analysis », American Economie Review, 61, mars 1981, pp. 48-64 ; D. M. B. Newbery, « The Choice of Rental Contract in Peasant Agriculture », dans L. Reynolds éd., Agriculture in Development Theory, New Haven, Yale University Press, 1975.

11. La même condition s'applique si la famille paysanne loue la terre qu'elle cultive. Le revenu d'une famille locataire est de (Ochf'A -RR) si elle loue R unités de terre et de (oc ‘H'F'A -(R-1)R)SÎ elle loue N-1 unités de terre. Par conséquent, la famille paysanne louera une unité de terre de moins si R > C'CHH'.

12. Cette hypothèse ne tient que si tant l'utilité marginale du revenu que la désutilité marginale du travail restent constantes. Cela est susceptible de se produire si le revenu de la famille paysanne est faible et si la somme de temps consacré au travail agricole par chaque membre de la famille est faible elle aussi, à cause du partage du travail. Ces conditions se retrouvent probablement dans les familles paysannes pratiquant une agriculture semi-naturelle qui disposent d'un surplus de travail assez considérable. L'article de A. K. Sen, « Peasants and Dualism with or without Surplus Labor », Journal of Political Economy, 74, oct. 1966, pp. 425-450.