Ce texte inédit, dont le manuscrit se trouve dans les Archives Louis Gernet, résume, dans une certaine mesure, l'ensemble de l'œuvre de son auteur. « Éclairer la préhistoire sociale de la Grèce » pour expliquer « les origines de la civilisation grecque » est en effet le but poursuivi par Louis Gernet qui utilise comme documents les logoi et les mythoi des Grecs, les récits, ou mieux les légendes, terme qu'il emprunte moins aux hellénistes qu'à Van Gennep ou à Marcel Granet. Il n'est donc pas question ici d'une simple introduction à une série de leçons dont la rédaction s'arrête d'ailleurs, dans le manuscrit, après quelques essais, par suite d'une évidente difficulté de conception. Nous avons cependant le témoignage d'un moment de la réflexion de Gernet qui aboutit à l'élaboration de son dernier recueil, I'Anthropologie de la Grèce antique. Il y a là, clairement exposé, le long processus qui conduit à l'avènement de la cité, fait central de l'histoire grecque, qui donne à cette civilisation son caractère particulier. Dans le texte, ce fait est analysé à partir des éléments qui le composent, en soulignant les tensions et les contradictions qui restent fondamentalement présentes dans l'équilibre transitoire de la polis. La critique de l'idéalisation du miracle grec est conduite d'une manière claire et rigoureuse.

A study of the social prehistory of Greece can help to explain the origins of Greek civilization.

Legends constitute the documentary évidence that can make up for the shortage of conventional data.

The originality of Greece lies in its political life, and especially in the émergence ofpolitics as the décisive factor in the secularization of society.

The rise of the city-state crystallized the various aspects of that révolution around a unifying élément. Justice was only one manifestation of the triumphant new rationality,

whose human character was linked to the life ofthe city-states, in which even physical reality was designed to embody the notion of balance.