Published online by Cambridge University Press: 04 May 2017
Cet article examine des témoignages d’esclaves affranchis retrouvés dans les archives de l’amirauté britannique, dans celles des consulats ou des cours de justice de l’océan Indien occidental. À la différence des récits mieux connus concernant la traite atlantique, ces documents sont généralement brefs et ne sont pas directement produits par les esclaves africains eux-mêmes. Bien que difficiles à analyser, en raison de multiples strates de transcription, traduction et représentation, ces sources importantes permettent de mettre un visage sur les individus qui furent pris dans la tourmente de la traite en Afrique de l’Est au XIXe siècle. Ces témoignages font entendre la voix des Africains réduits en esclavage et fournissent des informations importantes sur les conditions de la capture, les déplacements des captifs, et certains aspects de la vie en esclavage. Nous montrons que ces sources sont d’une immense valeur en dépit de leurs limites, parce qu’elles nous offrent le meilleur aperçu dont nous disposons sur l’expérience vécue des Africains, hommes, femmes et enfants, qui furent victimes de la traite en Afrique de l’Est.
This article examines freed slave testimonies found in British admiralty, consular, and court records from the Western Indian Ocean. Unlike the better known accounts from the Atlantic slave trade, these documents are generally brief and not generated by enslaved Africans themselves. Although complicated by layers of transcription, translation, and representation, these important sources nevertheless put a face on the individuals who were caught up in the vicious whirlwind of the slave trade in nineteenth-century eastern Africa. These testimonies preserve elements of the voices of enslaved Africans and reveal valuable information about the process of enslavement, the journey taken by the enslaved, and some dimensions of slave life. We argue that these sources are immensely valuable in spite of their structural limitations because they give us our best insights into the lived experiences of the African men, women and children who became victims of the slave trade from East Africa.
Une version de cet article a été présentée à la réunion annuelle de l’American Historical Association à Washington DC en janvier 2008. Les auteurs souhaitent remercier la modératrice, Sondra Greene, pour ses suggestions lors de cette réunion, ainsi que les membres du séminaire de recherche sur l’histoire africaine de l’UCLA.
1- Le docteur Benjamin Wilson, chirurgien à bord d’un baleinier provenant de New Bedford, dans le Massachusetts, s’installa en 1872 à Anjouan sur 2 000 hectares dans les plaines patsi proches de la capitale de Moutsamoudou, avec un bail de trente ans accordé par le sultan Abdallah III. Six ans plus tard, le sultan chassa de leurs terres les habitants de trois villages patsi, afin que B. Wilson puisse développer ses plantations sans être gêné par les cultures des villageois. Martin, Jean, Comore : quatre îles entre pirates et planteurs, Paris, L’Harmattan, 1983, vol. 2, p. 10–12 Google Scholar ; Vérin, Pierre, Les Comores, Paris, Karthala, 1994, p. 104–105 Google Scholar ; Clendennen, Gary W. et Nottingham, Peter M., William Sunley and David Livingstone : A tale of two consuls, Madison, University of Wisconsin-Madison, 2000, p. 71.Google Scholar
2- Zanzibar National Archives (ci-après ZNA), AA 1/23. Hathorne à Kirk, Zanzibar, 31 décembre 1878.
3- Ibid.
4- ZNA, AA 1/23. Déclaration sous serment de « Trois nègres arbitrairement saisis », signé par Hathorne, le 28 décembre 1878 ; ZNA, AA 1/24. Selon une déclaration faite au lieutenant Cutfield à bord du HMS London, le 24 décembre 1878, ils ont donné les noms de M’passi, Similli, et Mladi. Bien que le swahili et le nzwani fassent tous deux partie du même groupe de langues bantoues G. 40, elles ne se comprennent pas mutuellement, tandis que le makua fait partie d’un groupe linguistique bantou très différent, le groupe P. 30. Voir Jr.Gordon, Raymond G. (dir.), Ethnologue: Languages of the world, Dallas, SIL International, 2005 Google Scholar : http://www.ethnologue.com.
5- Spivak, Gayatri C., « Can the subaltern speak? », in Williams, P. et Chrisman, L. (dir.), Colonial discourse and post-colonial theory: A reader, New York, Columbia University Press, 1994, p. 66–111 Google Scholar ; Busia, Abena P. A., « Silencing Sycorax: On African colonial discourse and the unvoiced female », Cultural Critique, 14, 1990, p. 81–104 Google Scholar ; Prakash, Gyan, « Writing post-orientalist histories of the Third World: Perspectives from Indian historiography », Comparative Studies in Society and History, 32-2, 1990, p. 383–408 CrossRefGoogle Scholar ; Id., « Subaltern Studies as Postcolonial Criticism », American Historical Review, 99-5, 1994, p. 1475-1490.
6- Troutt Powell, Eve M., « Will that subaltern ever speak? Finding African slaves in the historiography of the Middle East », in Gershoni, I., Singer, A. et Hakan Erdem, Y. (dir.), Middle East historiographies: Narrating the twentieth century, Seattle, University of Washington Press, 2006, p. 242–261.Google Scholar
7- Toledano, Ehud R., As if silent and absent: Bonds of enslavement in the Islamic Middle East, New Haven, Yale University Press, 2007, p. 34–35.Google Scholar
8- Mcknight, Kathryn Joy, « ‘En su tierra lo aprendió‘: An African curandero's defense before the Cartagena inquisition », Colonial Latin American Review, 12-1, 2003, p. 63–85 CrossRefGoogle Scholar, cité in Toledano, E., As if silent and absent…, op. cit., p. 34.Google Scholar
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10- Cugoano, Ottobah, Thoughts and sentiments on the evil and wicked traffic of the slavery and commerce of the human species, humbly submitted to the inhabitants of Great Britain by Ottobah Cugoano, a native of Africa, Londres, 1787 Google Scholar ; pour une édition électronique de la réduction en esclavage de Cugoano, voir « Narrative of the enslavement of Ottabah Cugoano, a native of Africa; published by himself, in the year 1787 », University of North Carolina-Chapel Hill, 1999 : http://docsouth.unc.edu/neh/cugoano/menu.html.
11- Equiano, Olaudah, The interesting narrative and other writings, éd. par V. Carretta, New York, Penguin Books, 1995.Google Scholar
12- Sur le débat concernant le lieu de naissance d’O. Equiano, voir Lovejoy, Paul E., « Autobiography and memory: Gustavius Vassa, alias Olaudah Equiano, the African », Slavery & Abolition, 27-3, 2006, p. 317–347 CrossRefGoogle Scholar ; Carretta, Vincent, Equiano, the African: Biography of a self-made man, Athens, University of Georgia Press, 2005 Google Scholar ; Id., « Response to Paul Lovejoy's ‘Autobiography and memory: Gustavus Vassa, alias Olaudah Equiano, the African’ », Slavery & Abolition, 28-1, 2007, p. 115-119 ; Lovejoy, Paul E., « Issues of motivation - Vassa/Equiano and Carretta's critique of the evidence », Slavery & Abolition, 28-1, 2007, p. 121–125.CrossRefGoogle Scholar
13- Law, Robin et Lovejoy, Paul E. (dir.), The biography of Mahommah Gardo Baquaqua: His passage from slavery to freedom in Africa and America, Princeton, Markus Wiener Publishers, 2001.Google Scholar
14- Nous n’incluons pas dans cet article les récits d’esclaves libérés formant la première génération de convertis au christianisme, conséquence de la pratique des autorités britanniques qui les présentaient à la fois aux sociétés de missionnaires françaises et britanniques établies à Zanzibar dans la seconde partie du XIXe siècle. ZNA, AA 1/20. Kirk à Derby, 14 septembre 1877, incluant le rapport du père Anton Horner fait à Bagamoyo le 25 juin 1877, sur le nombre d’esclaves libérés donnés par le sultan de Zanzibar à la mission catholique française de Bagamoyo, 1873-1er juin 1877 [un total de 166 esclaves, dont 75 hommes, 91 femmes ; 104 enfants (68 garçons et 36 filles) et 62 adultes (7 hommes et 55 femmes)] ; Ibid., « Statement of freed slaves received by the Church Missionary Society, Mombasa, East coast of Africa », feuille volante signée par Russell, septembre 1875-mars 1877, comptabilisant 116 hommes, 86 femmes, 110 garçons, 55 filles ; Ibid., un autre tableau relatant la remise de 270 esclaves libérés en 1877 à la CMS (Church Missionary Society), aux missions universitaires en Afrique centrale, aux Français, et au Cap ; ZNA, AA 1/23. « Relation of slave vessels & slaves captured by British cruisers & condemned in the Admiralty Court of Zanzibar for the year 1874- 1878 and showing the disposition of the slaves », donnant un total de 2 127, dont 596 furent envoyés au Natal, 973 à des missions de Zanzibar et 558 « libérés à Zanzibar ». Les sources missionnaires sont raisonnablement bien représentées dans la littérature savante. Voir par exemple Edward A. ALPERS, « The story of Swema: Female vulnerability in nineteenth-century East Africa », in Robertson, C. C. et Klein, M. A. (dir.), Women and slavery in Africa, Madison, University of Wisconsin Press 1983, p. 185–219 Google Scholar. Les nombreux témoignages des missions universitaires en Afrique centrale (UMCA) sont abondamment abordés par Edward A. Alpers, « Representations of children in the East African slave trade », à paraître dans Slavery & Abolition, et Id., « The other middle passage: The African slave trade in the Indian Ocean », in Christopher, E., Pybus, C. et Rediker, M. (dir.), Many middle passages: Forced migration and the making of the modern world, Berkeley/Los Angeles, University of California Press, 2007, p. 20–38 Google Scholar. Les autobiographies émanant des sociétés de missionnaires de l’Église sont analysées en détail par Morton, Fred, « Small change: Slave children and the 19th century East African slave trade », à paraître dans G. Campbell (dir.), Children and slavery, Athens, Ohio University Press.Google Scholar
15- Thomas Vernet, « Les cités-États swahili de l’archipel de Lamu, 1585-1810. Dynamiques endogènes, dynamiques exogènes », thèse de doctorat, université Paris I-Sorbonne, 2005, p. 170-192.
16- Alpers, Edward A., « The French slave trade in East Africa (1721-1810) », Cahiers d’Études Africaines, 10-37, 1970, p. 80–124 CrossRefGoogle Scholar ; Gerbeau, Hubert, « L’océan Indien n’est pas l’Atlantique. La traite illégale à Bourbon au XIXe siècle », Outre-Mers. Revue d’Histoire, 336-337, 2002, p. 79–108.CrossRefGoogle Scholar
17- Sur La Réunion, voir Fuma, Sudel, « La traite des esclaves dans le bassin du Sud- Ouest de l’océan Indien et la France après 1848 », in Ignace, R. (dir.), La route des esclaves. Systeme servile et traite dans l’est malgache, Paris, L’Harmattan, 2000, p. 247–261 Google Scholar ; Combeau, Yvan et al., Histoire de La Réunion : de la colonie a la région, Saint-Denis/Paris : CRESOI/SEDES, 2001, p. 77–82 Google Scholar ; Finch, Héloïse, « Comprendre la traite illégale d’esclaves pendant l’occupation britannique de La Réunion à travers les archives britanniques », in Médéa, L., Labache, L. et Vergès, F. (dir.), Identité et société réunionnaise. Nouvelles perspectives et nouvelles approches, Paris, Karthala, 2005, p. 67–88 Google Scholar. Sur l’île Maurice, voir Allen, Richard B., Slaves, freedmen, and indentured laborers in colonial Mauritius, Cambridge, Cambridge University Press, 1999 Google Scholar ; Pineo, Huguette Ly-Tio-Fane, Lured away: The life history of Indian cane workers in Mauritius, Moka, Mahatma Gandhi Institute, 1984 Google Scholar ; Carter, Marina, Lakshmi's legacy: The testimonies of Indian women in 19th century Mauritius, Rose-Hill/Mauritius, Éditions de l’océan Indien, 1994 Google Scholar ; Deerpalsingh, Saloni et Carter, Marina (dir.), Select documents on Indian immigration: Mauritius, 1834-1926, Moka, Mahatma Gandhi Institute, 1994-1996, 3 vol.Google Scholar
18- Alpers, Edward A., « ‘Mozambiques’ in Brazil: Another dimension of the African diaspora in the Atlantic world », in Curto, J. C. et Souloudre-Lafrance, R. (dir.), Africa and the Americas: Interconnections during the slave trade, Lawrenceville, Africa World Press, 2005, p. 43–64 Google Scholar ; Florentino, Manolo, « Slave trade between Mozambique and the port of Rio de Janeiro, c.1790-1850: Demographic, social and economic aspects », in Zimba, B., Alpers, E. et Isaacman, A. (dir.), Slave routes and oral tradition in south eastern Africa, Maputo, Filsom Entertainment, 2005, p. 63–90.Google Scholar
19- Campbell, Gwyn, An economic history of Imperial Madagascar, 1750-1895: The rise and fall of an island empire, Cambridge, Cambridge University Press, 2005, p. 213–242.Google Scholar
20- Harries, Patrick, « Making Mozbiekers: History, memory and the African diaspora at the Cape », in B. Zimba, E. Alpers et A. Isaacman (dir.), Slave routes…, op. cit., p. 94–97.Google Scholar
21- Voir, entre autres, Cooper, Frederick, Plantation slavery on the East coast of Africa, New Haven/Londres, Yale University Press, 1977 Google Scholar ; Sheriff, Abdul, Slaves, spices & ivory in Zanzibar: Integration of an East African commercial empire into the world economy, 1770-1873, Londres, James Currey, 1987 Google Scholar ; Glassman, Jonathan, Feasts and riot: Revelry, rebellion, and popular consciousness on the Swahili Coast, 1856-1888, Portsmouth, Heinemann, 1995, p. 29–114 Google Scholar ; Deutsch, Jan-Georg, Emancipation without abolition in German East Africa c. 1884-1914, Oxford/Dar es Salaam/Athens, James Currey/Mkuki na Nyota/Ohio University Press, 2006, p. 15–96.Google Scholar
22- Alpers, Edward A., Ivory and slaves in East Central Africa, Berkeley/Los Angeles, University of California Press, 1975.Google Scholar
23- Martin, Edmond B. et Ryan, T. C., « A quantitative assessment of the Arab slave trade of East Africa, 1770-1846 », Kenya Historical Review, 5-1, 1977, p. 71–91 Google Scholar ; Austen, Ralph A., « The 19th century Islamic slave trade from East Africa (Swahili and Red Sea coasts): A tentative census », Slavery & Abolition, 9-3, 1988, p. 21–44 CrossRefGoogle Scholar ; Sheriff, A., Slaves, spices & ivory…, op. cit., p. 33–76 Google Scholar ; Alpers, Edward A., « Mozambique and ‘Mozambiques’: Slave trade and diaspora on a global scale », in B. Zimba, E. Alpers et A. Isaacman (dir.), Slave routes…, op. cit., p. 47–61.Google Scholar
24- Lovejoy, Paul E., Transformations in slavery: A history of slavery in Africa, Cambridge, Cambridge University Press, [1983] 2000, p. 61–62 et 155-158Google Scholar ; Manning, Patrick, Slavery and African life: Occidental, oriental, and African slave trades, Cambridge, Cambridge University Press, 1990, p. 79–81.Google Scholar
25- Plusieurs récits d’officiers britanniques ayant servi à bord des vaisseaux de la patrouille anti-esclavage dans les eaux bordant l’Afrique orientale au milieu du XIXe siècle ont été publiés, qui comportent des descriptions frappantes de captifs africains libérés lors de la capture de dhows arabes transportant leur cargaison dans les eaux est-africaines. Mais il s’agit pour la plupart de descriptions émanant de Britanniques et non des témoignages de première main, c’est-à-dire d’Africains eux-mêmes. Pour une discussion de ces récits, voir E. A. Alpers, « Representations of children… », art. cit.
26- Kirk, John, « Examination of the Lufigi river delta, East Africa », Proceedings of the Royal Geographical Society of London, 18-1, 1873-1874, p. 74–76 CrossRefGoogle Scholar, l’identifie comme l’embouchure du fleuve Rufiji « la plus large et la plus profonde », accompagné d’une carte faite à la main levée ; Elton, Frederick, « On the coast country of East Africa, south of Zanzibar », Journal of the Royal Geographical Society of London, 44, 1874, p. 227–252 CrossRefGoogle Scholar, particulièrement p. 231 et 233, et la carte qui l’accompagne.
27- Khor al Jarama est un large bras de mer abrité permettant un mouillage facile à 5,6 km à l’ouest de Ras el-Had et à 18 km à l’est de Sur. Voir Wharton, William J. L., The Red Sea and Gulf of Aden pilot, Londres, The Hydrographic Office, 1900, p. 475–476.Google Scholar
28- Archives Nationales (anciennement Public Records Office), Londres, Royaume Uni (ci-après PRO), ministère de la Marine (ci-après ADM) 1/6863 Commandant en chef – Indes orientales – 1887. De Charles E. Gissing, HMS Osprey à Mascate, à sir Frederick W. Richards, commandant en chef, base des Indes orientales (19 juin 1887), pièce jointe : « Déclarations d’esclaves fugitifs », HMS Osprey à Ras el-Had (9 juin 1887). Sur Shangani et Malindi, voir Sheriff, Abdul (dir.), The history & conservation of Zanzibar stone town, Londres/Athens, The Department of Archives, Museums & Antiquities/Ohio University Press, 1995 Google Scholar. Nous ne sommes pas parvenus à localiser Msena, mais nous supposons que ce lieu se trouvait près de Sur, peut-être dans le voisinage de Khor al Jarama.
29- ADM 1/6917 Commandant en chef – Indes orientales – 1888. Commandant de l’HMS Griffon à l’officier naval supérieur, Afrique orientale (29 juillet 1888), pièce jointe : Déclaration de Muhandu, esclave fugitif (25 juillet 1888), Sur le développement récent d’une identité bondei, voir Willis, Justin, « The makings of a tribe: Bondei identities and histories », The Journal of African History, 33-2, 1992, p. 191–208.CrossRefGoogle Scholar
30- ZNA, AA 7/3. Compte rendu de la vice-amirauté. Compte rendu no 15 portant sur le cas du dhow de Alin bin Nasser, HMS Nymphe (14 avril 1869). Sur la ville côtière de Mungao/Mgao/Mongalo, qui était à la fois makonde et swahilie, située au sud de Kilwa, près de Lindi, à la fin du XVIIIe siècle, voir Alpers, E. A., Ivory and slaves…, op. cit., p. 190–191 Google Scholar ; ZNA, AA 7/3. Cour de la vice-amirauté. J. Kirk définissait « Ngao » comme « la région du cap Delgado ». Voir aussi Kirk, John, « A visit to the Mungao district, near Cape Delgado », Proceedings of the Royal Geographical Society of London, 21-6, 1876-1877, p. 588–589 CrossRefGoogle Scholar ; Sacleux, Charles, Dictionnaire Swahili-Français, Paris, Institut d’Ethnologie, 1939, p. 550 Google Scholar, définit le Mgao comme étant la côte entre le delta du fleuve Rufiji et la baie de Tungi, le point le plus éloigné des territoires du sultan de Zanzibar, jusqu’au sud du cap Delgado.
31- ZNA, AA 7/4. Compte-rendu de la Cour de la vice-amirauté. Compte rendu no 1 dans l’affaire du HMS Wolverine versus dhow de Zanzibar, 1872, ce dernier ayant été saisi le 9 janvier 1872 et condamné le 11 janvier 1872. À en juger par son nom, Mabrook était probablement lui-même esclave.
32- Voir Lloyd, Charles Christopher, The Navy and the slave trade: The suppression of the African slave trade in the nineteenth century, Londres, Longman, Green and Co., 1949, p. 248–257.Google Scholar
33- Bien que les archives suivantes soient situées dans les archives consulaires britanniques sur Zanzibar, un grand nombre d’entre elles peut être classé comme documents du ministère de la Marine dans la mesure où elles portent sur des fugitifs se réfugiant sur des vaisseaux de la marine britannique. Sacleux, Selon C., Dictionnaire Swahili- Français, op. cit., p. 591 Google Scholar, Mrima renvoie à la côte située entre Vanga, sur la côte du Kenya à la frontière avec la Tanzanie, et le delta du fleuve Rufiji.
34- Gilbert, Erik, Dhows & the colonial economy of Zanzibar, 1860-1970, Oxford, James Currey, 2004, p. 56–57.Google Scholar
35- Les négriers français avaient recours à la même ruse dans les îles Mascareignes après l’abolition de la traite des esclaves par la Grande-Bretagne en 1810 puis par la France en 1815, grâce à un système connu sous le nom de « francisation ». Voir Alpers, E. A., Ivory and slaves…, op. cit., p. 214 et n. 20.Google Scholar
36- ZNA, AA1/18, Kirk à Lord Stanley ?, 10 janvier 1878, accompagnée de Sullivan à Kirk, dimanche (date illisible). Sur ses expériences précédentes de navigation dans les eaux d’Afrique orientale, voir Sullivan, George L., Dhow chasing in Zanzibar waters and on the Eastern coast of Africa, Londres, Dawsons of Pall Mall, [1873] 1967 Google Scholar. Sur son service en tant que capitaine du HMS London, voir Lloyd, C. C., The Navy and the slave trade…, op. cit., p. 251 et 270.Google Scholar
37- ZNA, AA 1/27. Le commandant C. S. Hawkins au capitaine Hamilton Earle, HMS Dragon, Zanzibar, 15 janvier 1880.
38- ZNA, AA 1/27. Kirk à Salisbury, 10 novembre 1880.
39- ZNA, AA 1/30. Miles à Granville, 12 janvier 1882, avec déclarations jointes des huit fugitifs. S. Miles servit pendant quatorze ans comme agent politique et consul britannique à Mascate, et en tant que consul général intérimaire à Zanzibar en 1882-1883 pendant le congé de J. Kirk pour raisons de santé en Angleterre. Voir Coupland, Reginald, The exploitation of East Africa, 1856-1890: The slave trade and the scramble, Londres, Faber and Faber, [1939] 1968, p. 378, n. 2.Google Scholar
40- Les « soldats » qu’évoque Juma Nyassa étaient sans doute des membres de la force armée du sultan, organisée et commandée par le lieutenant Lloyd William Mathews de la Marine royale britannique entre 1875 et 1888. Cette force armée reçut également des armes et des munitions du gouvernement britannique. En décembre 1881, un mois seulement avant ce témoignage, plusieurs hommes de cette force armée jouèrent un rôle important dans l’écrasement d’une révolte à Pemba. Voir Coupland, R., The exploitation of East Africa…, op. cit., p. 241–243 et 252-253.Google Scholar
41- Cooper, F., Plantation slavery…, op. cit., p. 167–168.Google Scholar
42- Voir ibid. et Glassman, J., Feasts and riot…, op. cit. Voir également Klein, Martin, Slavery and colonial rule in French West Africa, Cambridge, Cambridge University Press, 1998, p. 13–15.Google Scholar
43- Ce document, « Enfants ‘engagés’ venus de Mozambique et de la Grande Comore, interrogés à Mayotte » a été publié dans Klara Boyer-Rossol, « De Morima à Morondava : contribution à l’étude Makoa de l’Ouest de Madagascar au XIXe siècle », in Nativel, D. et Rajaonah, F. V. (dir.), Madagascar et l’Afrique. Entre identité insulaire et appartenances historiques, Paris, Karthala, 2007, p. 183–217 Google Scholar. Nous remercions Mme Boyer- Rossol de nous avoir signalé ce document avant publication, ainsi que Philippe Beaujard de nous avoir envoyé un exemplaire de ce livre. Le problème des engagés continua également dans l’île française de La Réunion jusqu’à la fin du XIXe siècle. Voir Combeau, Y. et al., Histoire de La Réunion…, op. cit., p. 77–82.Google Scholar
44- Sur le capitalisme de plantations dans les Comores, voir Newitt, Malyn, The Comoro islands: Struggle against dependency in the Indian Ocean, Boulder/Londres, Westview Press/ Gower, 1984, p. 97–98 Google Scholar. Sur la Compagnie des Comores et les problèmes de recrutement de la main-d’oeuvre à Mayotte, voir Martin, J., Comores…, op. cit., vol. 2, p. 184–186 et 196-204Google Scholar ; Fontaine, Guy, Mayotte, Paris, Karthala, 1995, p. 17–18.Google Scholar
45- À l’exception des Goanais, qui étaient sujets portugais, tous les Indiens de Zanzibar étaient considérés comme des sujets britanniques et ne pouvaient par conséquent pas posséder d’esclaves. Voir Gregory, Robert G., South Asians in East Africa: An economic and social history, 1890-1980, Boulder, Westview Press, 1993 Google Scholar ; Sheriff, A., Slaves, spices & ivory…, op. cit., p. 202–208.Google Scholar
46- ZNA, AA 3/11. Notes prises par C. Rigby, Cour consulaire britannique, Zanzibar, 5 février 1860. Dépositions de plusieurs esclaves africains appartenant à Kanoo Mungee, marchand hindou de la caste vania (Banian) et sujet britannique résidant à Zanzibar. Les vania forment une caste commerçante d’hindous du Gujarât. Pour une explication solide de ce terme, voir Pedro Alberto da Silva Rupino Machado, « Gujarati Indian merchants networks in Mozambique, 1777-c.1830 », thèse de doctorat, School of Oriental and African Studies, université de Londres, 2005, p. 18-22. Kanoo Mungee possédait également 62 autres esclaves libérés par C. Rigby, qui enregistra leur origine ethnique. Les notes prises par C. Rigby sont écrites à l’envers sur les pages vierges au verso d’un registre de lettres allant jusqu’à 1855. Pour une description plus détaillée, voir General Rigby, Zanzibar and the slave trade, éd. par Mme C. E. B. Russell, Londres, Allen and Unwin, 1936, p. 86-87, 140 et 142.
47- Sans doute une variante du baggala, « le dhow de haute mer traditionnel dans le golfe Persique et le golfe d’Oman. Il se caractérise par une poupe à cinq fenêtres, qui est souvent sculptée avec raffinement à la manière des anciennes caravelles portugaises », Villiers, Alan, Sons of Sinbad, New York, Charles Scribner's Sons, 1940, p. 417.Google Scholar
48- ZNA, AA 3/11. Notes prises par C. Rigby, Cour consulaire britannique, Zanzibar, 5 février 1860.
49- Ibid.
50- Le nom de cet homme semble dériver du terme swahili mzalia, qui signifie un esclave né sur place ou un descendant d’esclave.
51- ZNA, AA 3/11. Notes de C. Rigby, Cour consulaire britannique, Zanzibar, 5 février 1860.
52- Ibid.
53- Ibid.
54- David Lawrence Horne, « Mode of production in the social and economic history of Kilwa to 1884 », thèse de doctorat, UCLA, 1984, p. 190-194.
55- Voir F. Morton, « Small change… », art. cit. et E. A. Alpers, « The other middle passage… », art. cit.
56- Sur les différents travaux effectués par les esclaves africains à Zanzibar, voir Cooper, F., Plantation slavery…, op. cit., p. 153–200 et 211-212.Google Scholar
57- ZNA, AA 3/11. Notes de C. Rigby, Cour consulaire britannique, Zanzibar, 24 juil- let 1860.
58- Sur les dégâts causés par le choléra venu d’Inde au XIXe siècle, voir Koponen, Juhani, People and production in late precolonial Tanzania: History and structures, Helsinki, Finnish society for development studies, 1988, p. 159–162.Google Scholar
59- ZNA, AA 3/11. C. Rigby, Cour consulaire britannique, Zanzibar, 4 septembre 1860. La société Yao étant matrilinéaire, le frère patrilinéaire de Toombo n’avait aucun lien de parenté direct avec lui ou avec sa mère.
60- Pour plus de détails sur le Coeur de Lion, voir l’échange sur Mariners-L Archives à l’adresse suivante : http://archiver.rootsweb.com/th/read/Mariners/2005-08/1124700720.
61- ZNA, AA 3/17. Forjett à Crawford, Bombay, 27 novembre 1857.
62- Sur les Arabes suris, voir Matthew S. Hopper, « The African presence in Arabia: Slavery, the world economy, and the African diaspora in Eastern Arabia, 1840-1940 », thèse de doctorat, UCLA, 2006, p. 43.
63- Voir Catlin-Jairazbhoy, Amy et Alpers, Edward A. (dir.), Sidis and scholars: Essays on African Indians, Noida, Rainbow Publishers, 2004.Google Scholar
64- Hopper, Matthew S., « Imperialism and the dilemma of slavery in Eastern Arabia and the Gulf, 1873-1939 », Itinerario, 30-3, 2006, p. 76–94 CrossRefGoogle Scholar.
65- Ras el Khaïmah est situé dans les Émirats arabes unis sur la partie ouest de la péninsule du nord-ouest d’Oman, au niveau du détroit d’Ormuz. Hirah se trouve à Dubaï.
66- British Library, Londres, India Office Records (ci-après IOR), R/15/1/217 Affranchissement des esclaves à Mascate, 1929-1932. Déclaration faite par Walaid bin Mulla, âgé d’environ 40 ans, enregistrée le 29 novembre 1930.
67- M. S. Hopper, « The African presence in Arabia… », art. cit., p. 162-218.
68- IOR R/15/1/217. Affranchissement des esclaves à Mascate, 1929-1932. Déclaration faite par Faraj (nom du père inconnu) enregistrée le 3 février 1931.
69- Buraimi, également connu sous le nom de Al-‘Ain, est une vaste oasis à la frontière entre Oman et les Émirats arabes unis. C’était l’un des derniers principaux centres de l’esclavage en Arabie orientale.
70- IOR R/15/1/217. Affranchissement des esclaves à Mascate, 1929-1932. Déclaration de Sanqur bin Abdul Khair Swahil, âgé d’environ 40 ans, enregistrée le 22 juin 1931.
71- M. S. Hopper, « Imperialism and the dilemma of slavery… », art. cit.
72- Pour une illustration frappante de ce phénomène, voir Vaughan, Megan, « Reported speech and other kinds of testimony », in White, L., Miescher, S. F. et Cohen, D. W. (dir.), African words, African voices: Critical practices in oral history, Bloomington, Indiana University Press, 2001, p. 53–77 Google Scholar. Edward A. Alpers étudie la question de l’acquisition des langues par les esclaves africains dans « Diversity of experience and legacies of African slavery in the Western Indian Ocean », communication présentée à l’atelier « Confronting slavery: Towards a dialogue of cultural understanding », Rio de Janeiro, 22-25 novembre 2007.
73- Devereux, William C., A cruise in the ‘Gorgon’; or, eighteen months on HMS ‘Gorgon,’ engaged in the suppresion of the slave trade on the East coast of Africa, Londres, Bell & Daldy, 1869, p. 370–371 Google Scholar. W. Devereux considère Lumma comme « l’informateur » du bateau, ce qui incluait, à notre sens, la responsabilité d’interprète.
74- «Obituary: Major-General Christopher Palmer Rigby », Proceedings of the Royal Geographical Society and Monthly Record of Geography, 7-6, 1885, p. 388-390.
75- General Rigby…, op. cit., p. 139.
76- ADM 1/6301/SA.31. Voir la lettre à la commission du ministère de la Marine du 13 janvier 1874, demandant une augmentation pour le lieutenant de vaisseau Nankivell du HMS Daphne, qui avait réussi un examen en swahili.
77- Voir aussi E. A. Alpers, « Representations of children… », art. cit.