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Activité politique ou Histoire économique : A Propos de Louis XI

Published online by Cambridge University Press:  25 October 2017

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Politique Economique de Louis XI : le livre que M. René Gandilhon — qui n'est point un inconnu pour les lecteurs des Annales — vient de publier sous ce titre aux Presses Universitaires, ce qui lui a valu le titre de Docteur ès Lettres, se range tout naturellement dans une série d'ouvrages estimables, de type connu, à cheval sur l'histoire politique et l'histoire économique proprement dite : ceux que leurs auteurs font tourner autour de quelque grande personnalité politique ou diplomatique. M. Gandilhon ne s'est pas donné pour but, en effet, de faire revivre devant nous la France d'entre 1461 et 1483 dans la diversité de ses ressources naturelles et de ses activités économiques.

Type
Problèmes et Bilans
Copyright
Copyright © Les Éditions de l'EHESS 1941

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References

1. Paris, 1941, 476 p., in-8°.

2. Elle ne rendra malheureusement pas tous les services bibliographiques qu'elle pourrait rendre, comme bibliographie spécialisée du sujet, par le fait que M Gaindilhon y réunit en un seul corps, dans l'ordre alphabétique des noms d'auteurs, des ouvrages extrêmement disparates : livres de référence générale, qui attestent d'ailleurs des curiosités diverses et fort louables ; manuels scolaires, comme la petite Histoire de l'Europe au Moyen Age de Gh. Bemont ; gros livres de fond, comme le Peronne, l'Ashley, etc. ; monographies sur les grandes institutions du royaume (le Parlement de Paris d'Aubert, etc.) ; enfin, monographies sur Louis XI ou intéressant tel ou tel aspect de son règne, tel ou tel épisode de se politique — et c'était là, pour nous, l'essentiel, puisque tout historien peut être maintenant orienté commodément sur l'époque par le Calmette de la collection Clio. — Pourquoi 5 vol. in-8° au d'Avenel, au lieu des 7 gros in-4° qu'il compte effectivement ?

3. Pas mal de coquilles cependant, de lettres tombées (p. 47, Guihenon pour Guichenon ; p. 102, Confians pour Conflans ; p. 158, nouvele ; p. 161, naturellement ; p. 171, fiancières ; p. 195, individuiele, etc. — P. 325, une Inadvertance : Guillaume de Châlons, prince d'Orange (lisez Chalon). — A consulter l'Index, un lecteur pressé pourrait croire que M. Gandilhon ne parle pas de la Poste — ce qui l'étonnerait d'autant plus qu'il est intervenu dans le débat naguère soulevé par G. Zeller. En fait, il faut lire Postes lia où l'Index porte, imprimé, Portes. — Tout cet épluchage, que j'abrège, pour montrer à M. Gandilhon qu'il a été lu de près.

4. Louis XI ami du peuple, son protecteur contre les grands ? « C'est là une profonde illusion, note l'auteur (p. 101). Sans doute il fut hostile à la noblesse, mais jamais sa conduite ne permit de lui attribuer des sentiments favorables à la cause populaire. Son attitude vis-à-vis des Etats de Languedoc, de Normandie, de Dauphimé, est celle d'un autocrate. Les doléances qu'ils expriment ne sont retenues que dans la mesure où elles concordent avec sa volonté. »

5. M. Gandilhon rattache nettement l'organisation des postes non pas tant aux besoins diplomatiques qu'aux besoins militaires de la politique royale ; il s'agissait, nous dit-il, avant tout, « d'organiser un système de liaison entre le théâtre des opérations militaires et le lieu de résidence du roi » (p. 213). Détails nouveaux à ce sujet, même après Vaille, à la fin du chapitre VI.

6. En même temps, du reste, Louis XI négociait avec les Cantons pour obtenir d'eux l'interdiction à leurs sujets d'ailler servir le Bourguignon.

7. Je ne goûte guère, par exemple, le « Louis XI porté par son sens du national » de la p. 407, ni le roi qui subordonne « ses théories » aux opportunités tKe La p. 171, ni même la » classe moyenne » qui naît p. 105, au sommaire du second chapitre.

8. Par exemple, p. 381-383, M. Gandilhon nous montre fort bien Louis XI réussissant à faire prendre position aux Suisses, en 1474, contre la Bourgogne. Non sans peine — car ils étaient liés aux Ducs par leurs besoins de sel et de blé franc-comtois (M. G. ajoute qu'ils vendaient leur bétail en Comté ; j'en suis moins sûr, ou du moins, je ne croîs pas à l'importance de ce trafic). — Louis XI gagne MM. des Ligues par de l'argent. Il les gagne aussi par des faveurs octroyées à de grosses compagnies de commerce suisses : piste intéressante à suivre ; M. G. nous en dit assez pour nous mettre en goût. Mais il fallait peut-être rappeler aussi que les Suisses, les Bernois surtout, étaient à l'affût de la Franche-Comté qu'ils rêvaient d'un partage ; qu'ils rêvaient de prendre et de garder Salins ‘, que dès 1474 une troupe d'aventuriers suisses s'était emparée de Pontarlier ; qu'en. 1475, Diesbadh avait pris l'Isle-sur-Je-Doubs, — et, finalement, qu'en janvier 1477, lorsque Louis XI, le 14, avertit les Bernois qu'il allait occuper les deux Bourgognes, MM. de Berne lui répondirent, le 30, que, quant à la Comté, ils la gardaient pour eux. Episode d'une longue histoire de convoitises.

9. Il y a un peu de flottement dans ce chapitre. — M. Gandilhon iy semble parfois perdre un peu de vue son dessein, tel qu'il l'a d'abord défini, pour traiter d'un sujet plus général, sans rapport direct avec la « politique économique » de Louis XI au vrai sens du mot. Par contre, il est bien évident que le chapitre des monnaies devait rentrer sans efforts dans le plan du livre, et que, dans ce domaine, l'action du roi devait être plus directe, plus immédiatement sensible, plus facilement orientable. Ce chapitre difficile, M. Gandilhon n'a pas reculé devant l'obligation de le composer. Il y a mis beaucoup de soin, et les résultats de son labeur ne sont pas négligeables. Il y met en pleine lumière, notamment, l'extrême rareté du numéraire français, souligne la granité, en conséquence, des envois d'argent en cour de Rome (900.000 écus par an, disait-on, « merveilleuse évacuation de pécune » ;'il n'y avait pas là de quoi rendre ultramonitains les rois de France). La rareté était telle que, lorsqu'à la fin du règne deux grandes provinces, Bourgogne et Provence, furent rattachées au royaume, il ne fut pas question d'y voir courir la monnaie royale. (Il y aurait là tout un aspect des « réunions » à examiner.) — Tout le Chapitre est à lire. M. Gandilhon y étudie soigneusement la politique monétaire comparée du roi de France, du roi d'Angleterre et du duc de Bourgogne. Il croit, d'autre part, pouvoir constater que, pendant la période’ qu'il envisage, la livre tournois perd une faible partie de son pouvoir d'achat ; par contre, SD prix des métaux précieux et notamment celui de l'or s'accroît ; enfin, on note, par rapport au siècle précédent, un affaiblissement du prix intrinsèque fles denrées agricoles et des produits alimentaires (p. 341).